12 juin 2026
À propos de déterminisme (2ème édition)
Le déterminisme se définit comme l’ensemble des causes et conditions nécessaires à la détermination d’un phénomène, chaque événement étant dès lors causé par des événements précédents. D’un point de vue scientifique, il signifie que tout phénomène est régi par un principe selon lequel les mêmes causes entraînent dans les mêmes conditions les mêmes effets, base de toutes expériences scientifiques.
Ces définitions premières cachent une définition secondaire essentielle, celle de la négation du libre arbitre, le déterminisme nie l’influence de la libre volonté des humains sur leurs actes, estimant que leurs choix sont déterminés par des facteurs antérieurs. En vérité, un principe qui fut un temps d’avant… des plus discutés de la philosophie.
On pourrait se demander si la discrétion dans laquelle il est tenu aujourd’hui est innocente, car la croyance au libre arbitre profite clairement au bon fonctionnement du système socio-économique aux dépens de la qualité de vie et de l’épanouissement des individus. Elle ne cache pas moins le sacrifice incalculable que ceux-ci encourent au profit prétendu de la collectivité, sous prétexte du progrès économique, de la production, d’une prospérité nécessaire via un mécanisme de société agencé et activé par une minorité qui en tire vraiment les bénéfices.
La croyance au libre arbitre est instiguée par Aristote, reprise ensuite par Saint Augustin et Thomas d’Aquin pour élaborer la doctrine chrétienne, puisqu’ils instaurent le libre arbitre en principe fondamental ce qui permet de culpabiliser l’homme et d’expliquer ses atrocités, l’existence du mal que Dieu ne peut pas avoir voulu. Il aurait créé l’homme libre de choisir, ce qui permet de le responsabiliser et de pouvoir désigner des coupables.
Ainsi, le mythe du péché originel rend l’Homme coupable parce qu’il aurait eu le choix de ne pas manger le fruit défendu, mais si on considère que l’Homme est déterminé, il n’est plus coupable de rien... Il faut donc bien prétexter de sa culpabilité pour pouvoir le punir alors qu’on devrait seulement le juger pour protéger la société de sa personnalité dangereuse qu’il n’a pas choisie.
L’illusion du libre arbitre laisse croire qu’on aurait pu agir autrement dans toutes les actions qui nous sont revenues défavorables, ce qui provoque frustration et amertume. Entre communautés de culture et de nations différentes, elle peut rendre haineux, être un agent majeur des conflits armés, etc. Sans libre arbitre on est forcément enclin à pardonner aux autres, on constate de plus médicalement que celui qui pardonne souffre moins que celui qui est habité par la rancune et la haine. La religion catholique comme beaucoup d’autres a fait du pardon une de ses instructions majeures sans doute pour adoucir les implications du libre arbitre qu’elle promeut, il est cependant plus douteux de pardonner en estimant qu’une personne a eu le choix de ses actes qu’en étant convaincu qu’elle ne l’a pas eu.
La croyance au libre arbitre incite à admirer les gens qui réussissent selon les critères de la société (les grands entrepreneurs, les sportifs de haut niveau, les artistes, etc.) et à mépriser les autres (les chômeurs, les SDF, etc.), elle fait croire à une différence de valeurs, elle incite au manque de respect des personnes. Aucun des éléments qui ont fait le succès des gens admirés n’est dû à un mérite personnel puisqu’il est juste le fruit d’une conjonction chanceuse entre des critères sociétaux à remplir et des qualités innées exploitées dans un environnement favorable à un moment donné. Dès lors, les écarts salariaux devraient être bien moins spectaculaires qu’ils ne le sont (avec des ratios actuels de plus de 200 fois entre un PDG et le salarié le moins bien payé !). Certains écarts ne devraient être justifiés que pour les métiers à risques vitaux.
On s’aperçoit que l’acceptation du déterminisme en tant que négation du libre arbitre, son agréation, bouleverserait l’organisation de la société, les jugements personnels, les états d’esprit, les santés morales, les comportements agressifs sinon belliqueux, les visions du monde, bref la manière de vivre de l’humanité.
On remarque que même les philosophes les plus en vue négligent son analyse et s’expriment de manière convenue à son sujet, ajoutant leur manque de sens critique au parti de la « bien-pensance ».
On réalise que l’inexistence du libre arbitre remet en question la valeur morale prétendue du mérite et la notion de responsabilité personnelle, qu’elle met en lumière l’imposture du courage et de la volonté.
Le déterminisme assimilé à un principe de vie naturel peut être une source de consolations comparé au principe artificiel du libre arbitre, un moyen de parvenir à une tranquillité d’âme (l’ataraxie chez les épicuriens et stoïciens) ; il est susceptible de relativiser toutes évaluations, d’alléger les angoisses, les pressions, les culpabilités, les obsessions de réussite, car on réalise qu’il dépend beaucoup moins de nous de pouvoir parvenir à certains objectifs, qu’il est moins question de courage et de volonté que de dispositions innées au courage et à la volonté… On sous-estime donc ses retombées bénéfiques pour l’être humain et l’humanité entière.
Nous sommes conditionnés, formatés dès la naissance par notre hérédité qui règle la qualité de notre santé, nos particularités physiques et psychiques, soit une part innée déterminante qui constitue le fondement sur lequel se construira la part acquise au contact de notre environnement, une part dite mésologique, non choisie et dépendante du hasard, constituée du milieu social, de l’éducation, de la culture, etc.
L’assertion fréquente selon laquelle la personnalité de l’individu résulterait moitié de l’inné et moitié de l’acquis se révèle donc inexacte puisque l’acquis se fonde sur l’inné et en dépend entièrement. Cette neutralité de bon aloi profite aux partisans de l’indétermination.
Arthur Schopenhauer (1788 - 1860) est un des rares philosophes qui a transmis assez clairement les implications du déterminisme notamment dans son Essai sur le libre arbitre. À l’homme ordinaire qui pense être libre parce qu’il peut faire ce qu’il veut, il rétorque que sa volonté n’est pas libre, car le caractère de l’homme est déterminé une fois pour toutes par son essence, possédant comme tous les autres êtres de la nature des qualités individuelles fixes et persistantes, qui déterminent nécessairement ses diverses réactions en présence des excitations extérieures. L’homme « veut » donc en fonction de ce qu’il est. Chaque action d’un homme est le produit nécessaire de son caractère et du motif entré en jeu. Ces deux facteurs étant donnés, l’action résulte inévitablement.
Baruch Spinoza (1632-1677) avait déjà constaté que les hommes se croient libres parce qu’ils ignorent les causes qui les déterminent, qu’ils oublient de manière stupéfiante l’historique des raisons de leurs choix, de leurs décisions, de leurs volontés.
Toute existence présuppose une essence, cette dernière précédant donc l’existence contrairement à ce qu’affirmait Jean–Paul Sartre. Le libre-arbitre n’existe dès lors pas et tout ce qui arrive à l’homme, arrive nécessairement. Chacune de ses actions est l’expression pure de la combinaison de son essence fixée d’avance et des motifs extérieurs dont il n’a aucun contrôle.
On ne peut pas nier que la qualité de la santé (fatigue, fragilité émotionnelle, faiblesse musculaire, dépression, etc.), les caractéristiques physiques (taille, poids, apparence, etc.), les traits de caractères à prédispositions innées (introversion, empathie, égocentrisme, hypocrisie, jalousie, cupidité, timidité, hardiesse, etc.), les constitutions biologiques avec des propensions diverses (au sucre, à l’alcool, à la violence, etc.) ont une influence directe sur la manière de se comporter, de penser, d’agir, de choisir un métier, une compagne, un loisir, un sport, etc. donc de diriger les vies de manière déterminante.
L’argument selon lequel l’éducation, l’instruction, la méditation, la thérapie pourraient modifier des tendances naturelles et les perspectives de vie qu’elles engendrent est illusoire, car cette transmutation nécessite un effort sur soi dommageable, une ténacité persistante, susceptible de provoquer stress, frustration, mal-être. On observe ce malaise chez les personnes au naturel à l’embonpoint qui essaient en vain de faire régime ; chez celles qui sont introverties et se voudraient extraverties, chez celles qui sont égoïstes et se voudraient altruistes, chez celles qui sont vaniteuses et se voudraient humbles, chez celles qui sont hypocrites et se voudraient franches, etc. « Chassez le naturel, il revient au galop » dit le proverbe déjà prononcé par Horace, car l’effort pour le chasser doit être à ce point permanent qu’il s’avère toujours intenable.
Si des voies non naturelles sont empruntées, cela le sera au prix de perturbations psychiques importantes. Les dégâts liés à l’évolution dans ces voies dérivées dépendront du niveau d’intensité et de persistance des tendances naturelles combattues.
On soulignera donc le caractère vain des pratiques et enseignement du développement personnel, le seul développement personnel possible étant de prendre conscience du déterminisme de tout un chacun et d’agir en conséquence.
Pour pouvoir orienter sa vie à sa guise selon le libre arbitre, il faudrait déjà être en mesure de cibler ses tendances naturelles préjudiciables, être conscient de leur négativité. Croire qu’on peut transcender son conditionnement pour se recréer complètement est chimérique. Chacun peut constater que les traits de caractère de personnes qu’on connaît depuis trente ou quarante ans ne changent jamais, qu’il en va ainsi des délinquants à qui on demande sans succès de modifier leur comportement et qu’on est obligé de contraindre à l’enfermement.
Si les neurosciences démontrent que la plasticité cérébrale permet au cerveau d’évoluer par de nouvelles expériences et apprentissages, encore faut-il être en position de les vivre, d’en avoir les moyens physiques, psychologiques, financiers, etc. Il faut admettre que cette évolution ne donnera pas la liberté d’atteindre n’importe quel but rêvé et qu’il faudra toujours composer avec un inné d’une certaine teneur et un acquis dépendant des circonstances. La qualité de notre volonté et de notre persévérance pour modifier ce qui nous a construits ne se commande pas.
Les personnes qui pensent que la volonté peut se prescrire à la même dose à tout le monde n’importe où, qu’un travaille sur soi est toujours possible pour atteindre un but, sont celles qui, sans s’en rendre compte, ont les qualités innées suffisantes pour se donner l’illusion d’avoir de la volonté, parce que celle-ci convient au domaine où elles peuvent l’exercer et qu’elle est en fait rendue possible par leur nature. Ces personnes se leurrent en généralisant leurs aptitudes, en estimant que chacun est doté de la capacité d’endurer des contraintes à long terme hors des dispositions suffisantes. On les rencontre souvent chez les enseignants qui croient sincèrement qu’il suffit d’avoir de la volonté pour réussir dans leur matière alors qu’eux-mêmes en seraient totalement dépourvu dans un autre domaine que le leur.
On devine que le système socio-économique a besoin d’avoir des sujets qui ne se croient pas figés dans leur hérédité, persuadés d’être incapables d’entreprendre, d’exercer certains métiers ou fonctions dont il aurait besoin. Il préfère promouvoir l’adaptabilité, la possibilité d’évolution personnelle même génétique (avec le nouveau domaine de l’épigénétique particulièrement étudié à l’université californienne de San Diego jouxtant la Silicon Valley…), la méritocratie (l’accès à une position sociale élevée fondée sur le mérite), le courage, la compétition, le sacrifice pour la productivité, même si les individus ne sont pas doués pour le domaine dans lequel ils évoluent.
La situation la plus profitable pour le système économique est que ses sujets restent persuadés de leur adéquation avec leur activité même si on constate qu’elle provoque chez eux pression et stress permanents apaisés par des dérivatifs divers (nicotine, alcool, médicament, etc.), qu’ils la poursuivent, même si elle suscite burn-outs, dépressions ou autres problèmes psychologiques combattus par des psychotropes ou thérapies diverses.
L’organisation de la société avec son système économique libéral, régime dans lequel seul le marché fait la loi, préfère ne pas s’encombrer de la recherche trop fastidieuse, trop aléatoire de l’épanouissement personnel de chacun. Elle veut éviter d’être tributaire des préférences, désirs, vocations et dès lors impose ses besoins à la catégorie la plus large de la population préférant avoir du personnel disponible, malléable et corvéable. Mais la psyché de l’être humain n’est évidemment pas programmée pour assurer le bénéfice d’un système économique et n’a que faire des critères de rentabilité nécessaires à son fonctionnement.
Il est remarquable de constater que la plupart des individus ne cherchent pas à connaître leurs qualités naturelles et qu’on ne le y incite pas (notamment dans le système éducatif), qu’ils exercent une profession toute une vie sans l’avoir vraiment choisie et qu’elle résulte le plus souvent des circonstances, d’opportunités, d’obligations, du hasard. Le plus étonnant est qu’ils ne semblent pas s’en rendre compte, qu’ils culpabilisent même de ne pas s’épanouir dans ce qu’ils s’efforcent d’accomplir.
On constate que la véritable vocation des individus se révèle plutôt dans leur loisir ou leur façon de vivre. Un loisir qui pourra paraître complètement futile, inutile, sans intérêt au regard des critères sociétaux, mais qui donne pourtant des indices sur la voie qu’il aurait fallu suivre à plein temps, même si elle n’est pas valorisante et valorisable dans la société.
Les organismes d’orientation scolaire et professionnelle ont une certaine utilité, mais restent insuffisants, car ils ne semblent pas en mesure de relever de manière précise les qualités naturelles des individus qui souvent n’en ont même pas conscience. Il s’agirait en effet d’analyser finement leur vie, leur caractère, la qualité de leur santé, leur goût, leur loisir, leur sport… pour les orienter de manière appropriée.
L’épigénétique, qui étudie les modifications de l’expression des gènes - sans altérer la séquence ADN - tendrait à balayer la question de la non-croyance au libre arbitre. On remarque que son effet potentiel sur l’espace d’une vie reste théorique, puisqu’il faudrait déjà être capable de cibler les caractères indésirables de notre personne et être déterminé à les combattre pour réduire l’expression des gènes concernés. Les moyens employés pour aboutir à modifier l’expression des gènes liés au comportement, à l’humeur, à la cognition, au stress, à la résilience, se limitent à des mesures alimentaires, l’exercice physique, la méditation et la thérapie. On devine bien que la modification sera ardue pour transformer les gènes d’une personne autoritaire en personne conciliante, grincheuse en personne joviale, dissipée en personne studieuse, nerveuse en personne sereine, fragile en personne endurante, etc.
Difficile à admettre évidemment pour la majorité des individus, mais les pires criminels ne sont donc pas coupables sur le fond, ils ne sont pas libres de ne pas commettre leurs monstruosités. Il est évident qu’un pédophile n’a pas choisi sa sexualité, qu’un tueur en série est submergé par ses pulsions... La société devrait donc se contenter de juger de leur dangerosité pour s’en protéger le temps nécessaire et tâcher de soigner, reconditionner, rééduquer plutôt que de rendre justice en envisageant des peines purement punitives.
On peut donc rejoindre le déterminisme des stoïciens, du Baron D’Holbach, de Schopenhauer, Spinoza, Nietzsche, Leibniz, Marx… L’existence propre de l’être humain est déterminée si l’on considère qu’il réagira toujours aux circonstances en fonction de son caractère qui est congénital, un phénomène qu’on peut qualifier de destinée puisque, étant ce qu’on est, notre situation sera toujours ce qu’elle doit être en rapport à notre environnement.
Si l’Homme prend conscience de son déterminisme, il peut y adhérer de façon active, trouver plaisir à lui répondre du mieux qu’il peut, à l’accompagner, à l’intégrer, à optimiser sa portance comme le surfeur sur la vague. Une situation qui débouche sur un sentiment de liberté -mais qui ne reste qu’un sentiment - comme celui que ressent le surfeur qui évolue sur une vague dont il dépend totalement. Sa seule liberté étant, selon ses aptitudes, de jouer de ses contraintes. Une vague qui peut être jouissive, mais aussi devenir précaire et fatale sans qu’il ne puisse rien y faire...
Il apparaît que le plus gratifiant est pour l’être humain de s’éduquer, d’apprendre, de faire expérience de son environnement dans la possibilité des moyens que son génotype lui aura donnés. Mais il n’aura aucun mérite à le faire ou démérite à ne pas le faire, puisqu’il ne sera pas ontologiquement responsable de sa maîtrise ou de son inaptitude, les qualités intellectuelles et les dispositions extérieures pour les exploiter ne se commandant pas, tout autant que l’envie, la volonté, la force morale ou psychologique d’apprendre.
Notre vie s’écrit donc au jour le jour et même de seconde en seconde en fonction de notre hérédité et de l’évolution de notre milieu sans savoir où elle peut mener précisément, hors de portée même d’une entité supra-humaine qui détiendrait tous les paramètres puisque l’élan vital pousse la matière à se développer tous azimuts en se complexifiant à chaque instant sans direction précise. Son stade actuel le plus avancé à notre connaissance est le cerveau humain capable d’observer, d’admirer, de comprendre en partie ce développement.
L’élan vital d’Henri Bergson dans L’évolution créatrice est séduisant. Basé sur la force de domination et la créativité pour survivre et évoluer, le monde invente sans cesse, la créativité étant immanente à l’évolution. Mais contrairement à ce que dit Bergson, on peut penser qu’il ne va pas totalement à l’aventure, qu’il est poussé, piloté pour rechercher un développement et un épanouissement maximal qui évolue avec variations et échecs, mais sans but défini, donc sans issue finale nécessairement favorable même s’il recherche l’éclosion. Il peut, par exemple, aboutir à la destruction de l’humanité et donc du cerveau humain, considéré par nous-mêmes comme sa plus belle réalisation connue jusqu’à ce jour, mais pour élaborer aussitôt autre chose ; l’Homo sapiens et son cerveau n’étant qu’un amalgame de matière parmi d’autres à l’échelle de l’univers, un détail de son inventaire...
L’être humain comme les plantes et les arbres évoluent en fonction de leur capital génétique et d’un tropisme dépendant de la richesse du sol, de la situation, de l’exposition - variable dans le temps sous l’effet de changement climatique ou d’environnement, de pollution, etc. - qui vont faire leur spécificité individuelle. On peut présumer de leur état à maturité, mais non prévoir avec exactitude l’ampleur de leur ramure, la qualité de leurs fruits, etc. sauf à connaître tous les paramètres et accidents éventuels dans leur croissance (une maladie, une pollution de l’air ou du sol, un environnement plus ombragé, etc.) ce qui ne sera jamais à portée de l’être humain puisqu’il faudrait qu’il connaisse l’essence de la force primale qui a créé l’univers et tous les événements qu’elle va créer et qui vont s’entrecroiser : principe de la création.
L’acceptation du déterminisme signifie que chacun à chaque instant est exactement là où il doit être, mais ne pourra jamais prévoir exactement où il arrivera. Il est donc inutile de geindre sur son sort ou celui des autres, de se lamenter sur des catastrophes, de s’angoisser, de regretter, mais aussi de juger les personnes, de leur en vouloir (par exemple, à ses parents pour ne pas avoir offert la meilleure éducation possible ou des opportunités suffisantes, etc). Travailler à sa meilleure évolution personnelle selon ses aptitudes en toutes circonstances reste la seule voie à suivre. Il s’agit donc de ne pas chercher à faire mieux que les autres et de rentrer en compétition, mais à faire mieux qu’avant pour soi-même.
Le bien-être de notre présence au monde semble ne se ressentir que si nous avons l’illusion que c’est notre volonté, notre force, notre courage, notre perspicacité, notre mérite qui nous accomplit. C’est la volonté illusoire d’exploiter au maximum ses talents qui rend l’homme heureux parce qu’il a la conviction que son moi intime, comme détaché de son hérédité et de l’environnement sur lequel il s’est construit, est capable d’apprendre, d’avoir l’esprit critique, de se former, de s’informer, de raisonner, d’anticiper, de choisir, de projeter, de se souvenir, de s’améliorer sans en dépendre.
Tout laisse à penser que c’est la foi en notre liberté qui constitue notre principe moteur. On remarquera d’ailleurs que les régimes politiques et économiques qui ont tenté de l’étouffer ont toujours échoué. Cette imagination, cette tendance à croire en la maîtrise de nous-mêmes et à notre libre arbitre pourrait être une caractéristique de l’évolution qui nous a été donnée pour stimuler l’élan vital primal, la force de vie et sa recherche continue de développement tout azimut au mépris des dommages. La seule issue favorable pour l’humain est d’en prendre conscience et d’en tenir compte dans son évolution.
Tout comme le libre arbitre, la liberté d’instruire n’existe pas. Les pays sous-développés ne choisissent pas de ne pas instruire les enfants, ils ne sont simplement pas dans les conditions pour les instruire… S’ils ne les instruisent pas, c’est parce que les circonstances ne sont pas encore réunies et qu’ils ont d’autres priorités vitales. Toutes les civilisations tentent d’éduquer les jeunes cerveaux à leur meilleur profit parce que c’est un élan naturel, instinctif - une loi de la nature qu’on observe aussi chez tous les animaux - de transmettre ses connaissances et les bons usages, pour poursuivre l’évolution de l’espèce. Aucune société ne rechigne à l’instruction car elles ressentent son avantage à tous points de vue même si dans les formes elle est discutée.
Si le niveau d’instruction global de la population mondiale augmente sans cesse, c’est bien qu’il s’agit d’une loi naturelle que d’instruire et de s’instruire en fonction de ses possibilités. L’univers au travers sa matière, dont nous sommes faits, tend à une complexification croissance, répond à une nécessité, comme le confirment les astrophysiciens. Il est doté d’une forme de code génétique non encore démontré, tel l’ADN, qui a combiné les particules élémentaires d’une certaine manière jusqu’à créer la conscience humaine qui n’est qu’un rouage de l’évolution.
La force vitale est réglée de manière à ce que les combinaisons atomiques, moléculaires et cellulaires s’épanouissent au mieux, trouvent une voie pour évoluer et éclore, que ce soit au niveau minéral, végétal ou animal entre les obstacles environnementaux interactionnels qu’il a lui-même créé.
Reste à savoir d’où vient cette force vitale et son réglage pour une évolution de la matière toujours plus complexifiée. Il faut admettre notre ignorance actuelle, ce qui n’a rien d’étonnant sachant qu’on ne sait rien de l’énergie sombre et de la matière noire qui constituent 95 % de la densité d’énergie de l’univers (68,3% pour l’énergie sombre et 26,8 % pour la matière noire). Cette ignorance n’implique pas forcément la présence d’un Dieu Grand Architecte, fâcheuse tendance de l’humain a dissipé son hébétude en attribuant à Dieu ce qui le dépasse.
Si et seulement si, les capacités personnelles et les conditions environnementales le permettent, l’illusion d’une certaine liberté de conscience résidera dans la volonté ou non de répondre à ce principe de chercher à devenir soi-même, d’exploiter au mieux ses qualités en connaissant ses limites (pour ne pas s’égarer), ce qui implique, sans en être maître, un apprentissage de soi en rapport au monde pouvant prendre toute une vie.
Cette liberté d’action - non choisie - dans le cadre de nos limites et des circonstances environnementales nous met naturellement en phase avec l’évolution du milieu au point de nous laisser croire que les hasards sont favorables à notre éclosion et à notre bonheur d’être au monde.
Le déterminisme de notre vie est en vérité total, même s’il est plus facile de laisser croire au libre arbitre, à la capacité de l’être humain à se réinventer, à pouvoir exploiter sa prétendue liberté, à être indépendant de son hérédité et de son environnement, sans quoi il se trouverait sans doute démotivé et désenchanté d’être au monde. Mais il devrait être capable de surmonter cette désillusion si l’inexistence du libre arbitre était instituée et reconnue. Elle serait d’un grand bénéfice pour l’épanouissement personnel et le développement plus harmonieux de l’humanité.
(Extrait de mon Abécédaire auxiliaire)
1er mars 2025
À propos d'Amor fati
Un concept parmi les plus importants de la philosophie, car il peut changer la manière d’envisager l’existence, la rendre plus salutaire.
L’Amor fati, l’amour de la destinée ou le fait d’accepter son destin, une locution latine introduite par le philosophe allemand Friedrich Nietzsche au 19ème siècle dans Le Gai savoir (1882), pour dire que si on admet que tout ce qui arrive est déterminé, il est plus profitable d’aimer ce qui se produit au point de le souhaiter encore et encore – jusqu’au concept de l’éternel retour (selon Nietzsche)...
Une bonne compréhension de l’Amor fati nécessite une définition précise des termes tels que destin, fatalité et finalisme.
Le destin se définit comme une suite d’événements déterminés par une force inéluctable qui contribue à accomplir ce à quoi un individu est prédestiné mais sans objectif probant fixé à l’avance. Il est une trajectoire de vie pré-ordonnée qui peut être positive ou négative. Certains pensent que le libre arbitre peut ne pas en être exclu. L’individu garderait encore une certaine liberté d'action sous une certaine condition : celle d’être en mesure de connaître sa nature et de pouvoir la satisfaire.
La fatalité se définit comme la croyance que tous les événements sont prédéterminés et inévitables. Selon cette doctrine, les êtres humains n'ont pas de véritable contrôle sur le cours des événements, car tout est écrit d'avance par une force supérieure ne laissant aucune possibilité de libre arbitre, ce qui peut entraîner une attitude de résignation.
Le finalisme, quant à lui, est une doctrine qui soutient que tous les événements et les actions ont une fin ou un but déterminé, ce qui veut dire qu’il y aurait une intention ou une raison derrière chaque événement, perspective souvent associée à une vision téléologique du monde.
On remarque que le terme « destin » est souvent compris de manière équivoque puisque beaucoup entendent en lui que tout ce qui arrive est fixé d’avance de manière inévitable par une puissance surhumaine, souvent dénommée Dieu... Or, il est seulement raisonnable de penser que notre destin est fixé par notre caractère inné (hérité) confronté à son environnement et non pas par un Dieu ou une puissance supérieure qui l’aurait fixé d’avance jusqu’à la fin.
Notre existence ne saurait être fixée d’avance puisqu’elle en croise d’autres sans cesse dans des circonstances hasardeuses. Le résultat de cette confrontation dépend de notre nature non interchangeable et de ce qu’elle nous aura permis d’apprendre et d’engranger.
Le destin n’équivaut donc pas à la fatalité ni au finalisme qui prétend que toute chose à une cause finale. Ce principe inciterait en effet à s’abandonner aux événements, « à l’à quoi bon », puisqu’ils seraient programmés et fixés d’avance pouvant dès lors entraîner une attitude désabusée sinon suicidaire, équivalente au nihilisme. Le destin n’étant pas fixé, il évoluera librement en fonction de la manière dont l’individu abordera les événements suivant ce que ses dispositions innées lui auront permis d’assimiler.
Ce déterminisme étant agréé, il incombe à l’homme de faire des efforts, des sacrifices, des choix judicieux fermes pour exploiter au mieux ses talents, satisfaire ses désirs pour autant qu’ils soient vertueux, n’empiètent pas sur ceux des autres, respectent les règles de la société.
L’être humain, étant déterminé par son hérédité, son éducation et son entourage, n’a donc qu’une impression de liberté qu’il croit exercer en prenant des décisions, mais sa volonté n’est pas libre puisque dépendante de ce que l’hérédité lui a donné. La volonté ne peut donc être libre qu’en rapport à elle, aux aptitudes de notre nature, ce qui ferme dès lors la porte à certains objectifs.
La volonté peut s’exercer par exemple au moment du choix entre plusieurs options, en reconnaissant celle qui correspondra le mieux à sa nature. La volonté, dans le sens d’opiniâtreté, d’acharnement à obtenir quelque chose, se révèle souvent indicatrice d’une mauvaise piste car ne correspondant pas à ses aptitudes innées. Elle ne doit être poussée à cet extrême que lorsqu’on est certain d’être dans la voie adéquate qui se reconnait par le fait qu’une bonne part de l’effort s’exécute spontanément.
Il revient à l’être humain, son caractère et sa santé physique et psychique étant fixés, d’essayer de reconnaître et d’exploiter ses potentialités sans se laisser abuser par lui-même ni par la société qui cherche souvent à les détourner.
C’est là que réside la seule liberté de l’individu selon Spinoza dans L’Éthique : « La liberté réside dans le plein accomplissement de la nécessité de notre nature », la vraie liberté consiste donc à comprendre les lois de la nature et à vivre en harmonie avec elles. Selon lui, être libre signifie agir selon sa propre nature rationnelle, et non selon des désirs impulsifs ou irrationnels. Mais Spinoza oublie un point essentiel : encore faut-il être capable de comprendre ces lois, avoir les aptitudes innées (psychiques et physiques) et l’instruction adéquate pour parvenir à vivre en harmonie avec elles. Les gens doués intellectuellement ont souvent l’impression que leurs congénères sont dotés des mêmes atouts qu’eux.
Dès lors on peut conclure que l’homme n’est jamais libre sauf à certaines conditions très variables, une évidence difficile à admettre tant l’être humain a besoin de se croire libre de ses actes.
Si la nature nous en a donné la possibilité, il faut donc être capable de se résigner, de se rediriger avantageusement en prenant conscience que ce qu’on voudrait être n’est peut-être pas compatible avec ce qu’on est.
Ce qui se produit à un moment précis dans la vie d’un individu sera toujours forcément déterminé par tout ce qui se sera préparé autour de lui et en lui-même. C’est à l’égard des situations difficiles non modifiables parfois de très longues durées - un emprisonnement, une démarche ou un travail obligatoire, une relation forcée, une maladie, etc. - que l’Amor fati peut jouer un rôle pour l’aider à les accepter, sans se morfondre, enrager sur son sort et vouloir lutter inutilement. Il est aussi réconfortant de savoir que chaque nouvel instant est créateur, que les paramètres d’une situation varient en permanence de manière infime pour aboutir tôt ou tard à son changement.
C’est plutôt la vie qui nous choisit que l’inverse comme le dit si bien Salvatore Adamo dans sa chanson C’est ma vie.
L’intérêt de l’Amor fati réside dans son incitation à se connaître soi–même - à condition que les aptitudes héritées le permettent, à prendre conscience de ses talents et lacunes, en observant son environnement, en s’éduquant, en se cultivant, en se perfectionnant en permanence, en apprenant du passé et des expériences vécues pour ne pas reproduire les mêmes erreurs et orienter le plus harmonieusement possible son futur.
Celui-ci ne pourra advenir d’un effort contre-nature, n’émergera que par nécessité et besoin intérieur. Un concept qui aide donc à trouver de l’énergie pour se réaliser.
Les rationalistes et matérialistes purs contrediront sans doute le point de vue qui suit, mais on peut constater qu’une personne au comportement en adéquation avec sa nature, à sa juste place, est toujours favorisée par les circonstances extérieures, simplement parce qu’elle épouse le principe primal universel de recherche d’éclosion dans l’organisation de la matière depuis l’origine de l’univers.
Même des situations de départ les plus affligeantes, comme celle de naître et grandir dans un lieu isolé et pauvre n’empêchera pas la spécificité de certaines personnes par un concours de circonstances incroyables de se développer pour aboutir à des destinées de renommées planétaires. Les exemples sont multiples chez les hommes d’affaires, les artistes, les sportifs… (Steve Jobs, J.K. Rowling, Leonardo Di Caprio, etc.)
Il est illusoire de croire qu’on pourra satisfaire des envies capricieuses de renommée, de richesse, de pouvoir, etc. si elles ne sont pas en concordance parfaite avec nous-mêmes. Des efforts précis et ciblés pour parvenir à ces fins ne parviendront à faire évoluer les situations dans ce sens que de manière artificielle et provisoire sans rendre heureux durablement. Il faut en réalité une « lame de fond » qui porte l’individu malgré lui depuis toujours, mais aussi la lucidité de sentir sa présence, d’en prendre conscience et de favoriser son transport par son comportement.
La volonté dont semble être dotée les individus en phase avec leur destin - non joué d’avance - répond à un besoin, elle est naturelle et ne demande donc pas d’efforts crispés. Si elle est spontanée, elle requiert tout de même leur contribution raisonnée pour éviter ou surmonter les embûches inévitables. Mais il est nécessaire d’être convaincu qu’on y parviendra puisqu’il ne peut pas en être autrement si on est en harmonie avec sa nature véritable, une certitude qui émerge avec la connaissance de soi et du monde qui nous entoure.
On peut se souvenir des citations de Friedrich Nietzsche : « Tu dois devenir l'homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même. » (Ainsi parlait Zarathoustra) ; « Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » (Le Crépuscule des Idoles) ; et encore « Amor fati: que ce soit dorénavant mon amour ! Je ne ferai pas la guerre contre la laideur. Je n’accuserai point, je n’accuserai pas même les accusateurs. Détourner le regard : que ceci soit ma seule négation ! Et à tout prendre, je veux en toutes circonstances, n’être plus autre chose que pure adhésion ! » (Le Gai savoir, aphorisme 276).
Il est probable que le concept de l’Amor fati a été inspiré à Nietzsche par Montaigne qui écrit trois cents ans plus tôt dans ses Essais qu’il ne s’agit pas d’expliquer la vie mais de la vivre mieux, de la jouir, de la cultiver afin de l’aimer. Il lui souffle ainsi que toute l’intelligence et toute la sagesse est de s’en contenter comme elle vient, avec ses plaisirs et ses épreuves (Livre XIII, chapitre 13).
(Extrait de mon Abécédaire auxiliaire)
24 janvier 2025
À propos d'avenir
Il est difficile de croire à un avenir radieux à long terme pour l’humanité, on peut raisonnablement évaluer qu’elle jouera déjà sa survie d’ici 100 à 150 ans, si sa progression démographique ne change pas, si sa manière d’exploiter les ressources naturelles n’est pas modifiée, si on ne trouve pas le moyen d’assagir les tendances prédatrices et belliqueuses de la nature humaine.
Le premier problème sera l’explosion démographique. Il faut réaliser que les prédictions de ralentissement de sa progression annoncées depuis des années sont élaborées par l’Occident (Europe et États-Unis) sans prendre la mesure réelle de la situation dans le reste du monde. La population mondiale qui était en 2009 de 6,75 milliards est aujourd’hui en 2024 de 8,19 milliards soit une augmentation de plus de 20% en 15 ans! On n’imagine pas qu’elle se stabilise subitement d’ici quelques dizaines d’années, on peut au contraire supputer qu’elle atteindra facilement les 12 milliards en 2050 et les 20 milliards en 2100 !
Cette inflation de population entraînera un accroissement proportionnel de l’exploitation des ressources de la planète, ainsi que de la pollution de l’air et de l’eau. L’eau potable deviendra très précieuse puisque sa quantité nécessaire à la survie des populations aura plus que doubler.
Il est naïf de croire que l’on va pouvoir réfréner la consommation puisque le modèle économique libéral qui s’étend sur toute la planète nous invite à l’accroître pour assurer rentabilité et enrichissement individuel et collectif.
Les combustibles fossiles, à n’en pas douter, seront consommés jusqu’à leur épuisement vu leur source facile d’enrichissement pour les multinationales ce qui entraînera une qualité d’air délétère (avec les particules fines), un réchauffement climatique (dû à l’accumulation de CO² dans l’atmosphère) provoquant montée des eaux, sècheresses, catastrophes climatiques diverses avec pour corollaire des migrations de population qui susciteront des tensions et des guerres.
Les rejets de l’industrie pollueront de plus belle les cours d’eau et les océans déjà appauvris en poisson, les grandes forêts naturelles notamment amazoniennes seront en voie de disparition (afin d’en faire par la technique du brûlis des terres fertiles pour l’élevage ou la culture de soja) et avec elles les plantes qui entrent dans la composition de nos médicaments, de certains animaux qui jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire. Agriculture et élevage seront industrialisés dans un milieu dénaturé et souillé.
Le jour de l’année où nous avons consommé toutes les ressources que notre planète peut régénérer d’elle-même en une année ne cesse d’avancer. En 2023, ce jour de dépassement a été atteint le mercredi 2 août, date à partir de laquelle on entame le capital naturel nécessaire au maintien de la vie sur Terre. En 2100, on peut estimer qu’on ne vivra plus que sur ce capital sans plus aucune régénération.
Une diminution de la biodiversité entraîne un risque de pénurie alimentaire mondial car les monocultures seront beaucoup plus sensibles aux maladies et parasites. Des myriades de micro–organismes et d’insectes sont à la base de la production agricole, ainsi 75 % des récoltes dans le monde dépendent de la pollinisation or les colonies d’abeilles se font de plus en plus rare (selon un rapport de la FAO, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation). Notre alimentation se limiterait de plus en plus aux seules céréales non dépendantes de la pollinisation.
La raréfaction des matières premières (puisque le pourcentage de recyclage dans le monde en 2022 n’atteint que 9 %) provoqueront des convoitises susceptibles de mener à des conflits armés auxquels on assiste déjà au Moyen–Orient et en Afrique.
Le physicien de renommée internationale Stephen Hawking (1942–2018) affirmait en 2017 :"Il n’y a aucun signe d’affaiblissement des conflits et le développement des technologies militaires et des armes de destruction massives en rendent l’issue de plus en plus catastrophique. La meilleure chance de survie de l’humanité est de coloniser Mars avant la fin du 21ème siècle" pressentant les dommages des convoitises à venir et l’urgence à trouver une Terre de substitution habitable et exploitable ce qui est illusoire dans le laps de temps imparti.
Si les technologies seront sans doute capables de pallier à certaines avaries et pollutions, elles seront aussi capables d’accroître l’intensité et la portée des dégâts causés à l’adversaire, en cas de conflit, avec le développement de l’intelligence artificielle et des robots tueurs militaires. Mais la menace majeure reste certainement la guerre nucléaire qui est susceptible d’advenir au moins sur une partie de la planète. On voit bien que les provocations de chefs d’État mégalomanes tels que Poutine ou Kim Jong-un pourraient facilement dégénérer.
Sur le plan individuel, une fois les besoins élémentaires assurés, il est nécessaire que chacun reconnaisse le plus tôt possible ses goûts, ses aptitudes, ses talents pour les exploiter au mieux, car c’est la condition qui rend l’être humain épanoui et heureux. Dès lors, il est conseillé de ne jamais abandonner ses rêves et ses ambitions car ce serait comme mourir avant l’heure, mais aussi de ne pas se laisser obnubiler par eux afin de prendre le temps de profiter de la vie, de contempler les beautés naturelles ou créées par l’homme, de goûter aux œuvres d’art, de connaître et de comprendre le monde donc de le visiter - sans rechercher l’exhaustivité, de ne pas négliger les petits plaisirs, les moments passés en famille et avec les amis, d’éviter les sources de problèmes et les importuns, les anticipations négatives qui mènent à la déprime et font perdre beaucoup de temps, de veiller à sa santé, sa condition physique, de soigner son lieu de vie, de garder une vie sociale, d’aimer et d’être aimer, car l’amour et l’affectif sont fondamentaux pour l’être humain.
Plus le nombre d’êtres humains heureux sera élevé, mieux l’humanité se portera. Une évolution favorable de l’espèce est déjà possible pour plus de 5 milliards de Terriens, puisque cette part de la population mondiale (65 %) ne souffre pas d’insécurité alimentaire, son bien-être à long terme ne dépendant dès lors que de sa bonne organisation individuelle et sociale.
(Extrait de mon Abécédaire auxiliaire)