"Il faut que la peinture serve à autre chose qu'à la peinture", Henri Matisse.
Alain Zenthner
La rubrique «Journal» rassemble articles, réponses à des sollicitations, impressions, commentaires, et improvisations (à chaud) sur des faits vécus ou d’actualité.


24 décembre 2007

De nombreux scientifiques dont John Leslie dans son livre Universes (Routledge, 1989) estiment que pour que l’être humain existe sur la planète Terre il a eu autant de chance qu’un condamné à mort qui aurait réchappé aux tirs d’un peloton d’exécution de quinze soldats qui pour diverses raisons indépendantes (maladresse, mauvaise vision, état d’ivresse, enrayement de leur arme, etc.) auraient raté leur cible. Plutôt que de croire à un tel concours de circonstances ce condamné estimerait à juste titre qu’un complot existe pour le maintenir en vie (utilisation de balles à blanc ou ordre de tirer à côté).

On ne peut plus, en effet, raisonnablement considérer aujourd’hui à la lumière de l’astrophysique, de la physique et des mathématiques actuelles que notre existence résulte d’un pur hasard au vu des incroyables réglages fins qui ont permis que l’Univers ne soit pas stérile. Son adaptation au développement de la complexité (jusqu’à la conscience humaine et sans doute beaucoup plus) apparaît avec de plus en plus d’évidence.

Une seule autre théorie peut offrir une échappatoire à ce constat : l’existence d’une infinité d’Univers parallèles (de pelotons d’exécution parmi lesquels celui où nous avons survécu). Il en faudrait au moins 10 puissance 80 pour avoir une chance d’en avoir un aussi favorable que le nôtre. Cette hypothèse paraît bien moins probable que celle qui suppose une planification…

La science qui se veut modèle de rationalité privilégiant l’expérience et l’observation se trouve donc obligée aujourd’hui – si elle veut être correcte avec elle-même - de composer avec la métaphysique. Ces observations ne concernent pas seulement des phénomènes à grande échelle mais aussi l’infiniment petit dans des sciences telles que la biologie et la chimie. Ainsi se dessine la possibilité que les mutations de l’ADN pourraient résulter de phénomènes quantiques et que la sélection naturelle ne serait donc pas la seule à diriger l’évolution. En neurosciences l’hypothèse que le cerveau pourrait être une condition et non une cause unique de la conscience se précise ce qui veut dire que la pensée ne serait pas produite uniquement par le cerveau. De là à croire que la biochimie de notre organisme peut être sujette à l'irrationnel est un pas que l'on peut commencer à franchir.

La science nous révèle aujourd'hui que son matérialisme n’est plus crédible. Une conclusion qui paradoxalement se charge d’un espoir formidable, en cette veille de Noël, pour tous ceux que les analyses et bilans médicaux voudraient condamner…


20 décembre 2007

La terre est le berceau de l’Humanité mais l’Homme n’est pas fait pour rester indéfiniment au berceau. Cette déclaration du célèbre ingénieur russe K. Tsiolkovsky fut mise en exergue et commentée hier soir à l’auditoire de la rue des Pitteurs par Roger-Maurice Bonnet, directeur des programmes scientifiques de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) de 1983 à 2001 et actuellement directeur de l’International Space Science Institute à Berne, à l’occasion de sa conférence intitulée Cinquante ans d’espace, et maintenant ?

Après un historique des débuts de la conquête spatiale, un panorama de l’exploration du système solaire par les sondes et de l’univers par les grands télescopes, le conférencier s’est attaché (un peu à la manière d’Al Gore mais dans une vision plus large) à nous exposer les dangers qui menacent la vie sur terre (réchauffement climatique, pollution, surpopulation, astéroïde tueur, volcanisme…). Le plus grand danger serait celui d’une éruption volcanique. Des éruptions ont en effet déjà détruit pratiquement toutes formes de vie au cours de l’histoire de la terre ; elles pourraient très bien se reproduire sans qu’on ne puisse rien faire...

Quant aux refuges que l’Homme pourrait trouver ailleurs, ils seraient soit impossibles à atteindre soit précaires et inconfortables. En supposant même qu’il se trouverait une planète accueillante (viable sans aménagements) en orbite autour de l’étoile la plus proche, Proxima du Centaure située à 4,22 années-lumière, il faudrait 70.000 ans de voyage (!) pour l’atteindre à la vitesse actuelle de nos engins (7 kms/sec, en 50 ans la vitesse des fusées n’a pas évolué). Les seuls refuges possibles sont donc irrémédiablement liés à la terre : des éventuelles cités spatiales en orbite, ou la Lune et Mars, les seuls corps du système solaire qui pourraient accueillir des stations vivables à long terme mais au prix de gros efforts puisqu’ils sont des astres morts dans un état pire que celui de la terre ne pourra jamais l’être.

La meilleure solution, de loin, est d’assurer la survie sur la terre pour des milliers d’années (avec une population stabilisée puisque nos espaces vitaux ne sont pas extensibles) en contrôlant sa pollution, son exploitation, sa démographie… en gérant ses eaux, ses sols, ses cultures, l’expansion des villes, les catastrophes naturelles… L’espace jouera un rôle primordial grâce aux satellites qui permettront une analyse globale de la terre en permanence (de l’extérieur), une gestion qu’il faudra rationaliser dans des organismes mondiaux encore inexistants.

Mais il faudra aussi parvenir à tempérer sur terre (et particulièrement au cours de ce siècle) la confrontation des cultures et des religions, à maîtriser les problèmes socio-économiques (la globalisation, la fin du pétrole, le réchauffement climatique…)

Les énergies du futur ne pourront être que renouvelables - sans déchets - se limitant donc aux quatre sources : soleil, vent, eau et fusion (et non fission) nucléaire.

L’économie devra se régulariser dans toutes les parties du monde ce qui veut dire que les pays riches devront bientôt accepter une croissance zéro c’est-à-dire un changement radical du système (ce qui sera sans doute le plus difficile à faire admettre).

Nous ne pouvons plus envisager la terre autrement qu’un vaisseau spatial de onze milliards d’astronautes qui doit être correctement géré pour assurer leur survie à long terme.

Cette conception du vaisseau bleu, fragile, voguant dans l’immensité sidérale sans aucun espoir d’escale, que la conquête spatiale nous a offert doit être intégrée au plus vite dans l’esprit des êtres humains qui vivent à son bord.


15 décembre 2007

En voyant défiler l’interminable générique de fin, je me dis qu’une fois encore le résultat ne valait pas cette débauche de participations, d’énergies et de subsides...
Avoir démontré ses capacités à produire une œuvre réussie n’est décidément pas un gage de continuité dans la qualité malgré la méthode assimilée. Ainsi ce réalisateur (de films et de documentaires), par ailleurs professeur dans une école de cinéma, qui livre un nouveau film très décevant.

On perçoit bien l’intention louable au départ puisqu’il prend pour sujet la prise d’otage en 1980 d’un autobus scolaire avec seize enfants à bord par trois jeunes gens d’une vingtaine d’années dont le but est d’aller dénoncer des injustices sociales sur les ondes de la RTBF à Bruxelles.

Le réalisateur choisit l’option d’un script racontant l’histoire du tournage d’un documentaire sur ce fait divers 25 ans après. Les enfants devenus des adultes de 40 ans et le preneur d’otages sont réunis pour un voyage en autobus à la côte belge – plutôt qu’à Bruxelles au boulevard Reyes – par un journaliste idéaliste (joué par Benoît Poelvoorde) aussi illuminé que déphasé et qui mènera son reportage de manière maladroite pour finir par avouer l’avoir raté ! Difficile sur cette base de faire un film réussi !

Les images d’époque du preneur d’otages (Michel Strée) dénonçant naïvement devant les caméras la trop grande différence entre la pension de sa grand-mère et le salaire des ministres - 2.000 francs belges pour 6.000 francs pour les ministres ! croyait-il… - auraient dû donner au film une coloration sociale mais il glisse plutôt vers une critique du journalisme par la manipulation dont les personnes sont l’objet pour satisfaire à la conception que le reporter a de son documentaire.

On a le sentiment que le script du film s’est trouvé « parasité » par l’interprète principal (Poelvoorde) à qui il fallait donner à tout prix un rôle approprié à l’expression de certaines facettes de son talent déjanté. Un talent qui ne mérite pas toujours qu’on lui sacrifie un film.

La séquence de fin qui voit le journaliste déprimé s’engager dans une chorale qui reprend la chanson des Poppys : Non, non, rien n’a changé… Tout, tout a continué… tentent de rappeler le motif original du film mais tombent comme une conclusion dépitée soulignant involontairement l’inanité de sa réalisation.

«Pour changer quelque chose» on pourrait se plaire à imaginer qu’un réalisateur ose un jour renoncer à réaliser son film (inutile) pour redistribuer aux nécessiteux l’argent qu’il a récolté pour le faire…


8 décembre 2007

Visite guidée cet après-midi de la maison natale d’André Ernest Modeste Grétry (rue des Récollets) en compagnie d’un groupe d’élèves du cours d’histoire de la musique de l’Académie qui porte aujourd’hui son nom.

La maison du célèbre compositeur d’opéras-comiques (très prisés au 18ème siècle) est située dans une rue étroite du quartier populaire d’Outremeuse, elle est à colombages et présente deux étages. Le public est reçu dans la cuisine (d’époque) où le guide nous narre l’histoire d’André Modeste. Né en 1741, il est le fils d’un musicien renommé dans sa ville, il devient enfant de chœur à la collégiale Saint-Denis où il apprend à chanter. Il obtient une bourse de la fondation Darchis – un nom dont je suis heureux d’apprendre qu’il est celui d’une famille de mécènes car je travaille depuis à peu près vingt ans dans la rue qui porte ce nom ! – qui l’envoie apprendre la musique à Rome de 1759 à 1767. Il arrive à Paris en 1768 où il réussit le tour de force de l’adaptation de la mélodie italienne à la langue française.

La particularité de son écriture est dans la simplicité du chant et sa subtile adaptation à la psychologie du personnage. Ses œuvres majeures sont Zémir et Azor, L’amant jaloux, Richard Cœur de Lion, Guillaume Tell et le ballet de Céphale et Procris.

Notre guide souligne son opportunisme puisqu’il fut toujours très en phase avec le pouvoir en place. Très à l’aise à la cour de Louis XVI, il est admiré ensuite par Robespierre et Napoléon qui lui alloue même une pension.

Les restes d’André Modeste Grétry se trouvent aujourd’hui divisés (à la suite d’un procès), son corps est au Père-Lachaise tandis que son cœur est scellé dans le piédestal de sa statue placée en face de l’Opéra.

La maison a gardé le charme et l’atmosphère de l’époque, on y découvre des objets personnels, des instruments (piano forte, piano muet de travail, violons dont un de poche…), des gravures, des portraits peints, des bustes, de nombreux documents (lettres, livres de dépenses, publications, etc.) présentés dans des armoires vitrées.

Si l’ambiance est d’époque, la conception muséale l’est malheureusement aussi et respire la négligence du conservateur : voiles et fils d’araignée chargés de poussière et surtout un manque scandaleux d’éclairage qui ne permet pas d’examiner les documents dans les vitrines dès que la nuit tombe (deux ampoules valides sur huit au lustre du premier étage et une seule sur six au deuxième !) Le guide prétexta de la mauvaise excuse d’un manque de budget et s’est entendu répondre que si on avait su, on aurait demandé à chaque personne du groupe d’apporter une ampoule !

Un conservateur ayant André Modeste et sa fonction à cœur… aurait pu aussi imaginer une petite librairie improvisée où le visiteur pourrait trouver les ouvrages que ce Molière de l’art lyrique a écrit à la fin de sa vie Mémoires et Réflexions d’un solitaire ainsi bien sûr que des CD audio de son œuvre musicale.

Malgré sa statue devant l'Opéra, André Modeste Grétry n'a plus été joué depuis dix ans dans sa ville natale...


2 décembre 2007

Conférence d’Emmanuel Jehin sur La comète Mc Naught (ou C/2006) et les grandes comètes du passé à l’auditoire de la rue des Pitteurs vendredi soir. Ce jeune conférencier, physicien diplômé de l’ULG, a travaillé sept ans au Very Large Telescope (VLT), l’observatoire de l’ESO (European Southern Observatory) du mont Paranal au Chili.

Il nous apprend qu’il était au départ astronome amateur ce qui explique son intérêt pour le sujet et qu’il est encore aujourd’hui président du Groupe astronomique de Spa. Cette brève présentation suffit pour faire surgir une image : celle du jeune garçon passionné d’astronomie dont la chambre est tapissée de cartes du ciel, qui sort le soir dans le jardin avec sa petite lunette pour observer les étoiles dès que le temps le permet et qui ne peut pas imager encore de là où il est - une petite ville de province – qu’il se trouvera quelques années plus tard aux commandes d’un des plus grands télescopes du monde dans l’autre hémisphère. L’histoire tellement rare d’un rêve devenu réalité…

Les comètes sont sans doute les objets célestes qui, depuis l’aube de l’humanité, ont marqué le plus l’esprit humain. Phénomènes spectaculaires isolés et non récurrents à court terme, ils venaient bouleverser la vision tranquille de la douce mécanique cosmique et contribuèrent sans doute de ce fait à susciter les premières grandes questions existentielles – d’où venons-nous ? où sommes-nous ? où allons-nous ? Même si l’incompréhension inclinait par commodité à s’en remettre à la croyance de manifestations divines annonciatrices de catastrophes (le plus souvent), ces interrogations n’en demeuraient pas moins sous-jacentes.

La comète de Halley est celle qui a marqué le plus l’histoire. Revenant tous les 76 ans, son passage fut consigné à trente reprises entre 240 av. J.-C. et 1986. Elle apparaît notamment dans la célèbre tapisserie de Bayeux (1066) et dans une Nativité de Giotto (1303). Edmund Halley (qui l’a vue en 1682) fut le premier astronome à émettre l’hypothèse que les différentes apparitions rapportées au cours du temps étaient celles d’un seul et même corps céleste. Il présuma d’une orbite elliptique autour du soleil (au travers le système solaire) et appliqua les lois du mouvement de Newton en tenant compte des effets gravitationnels de Jupiter et de Saturne pour prévoir l’année de son retour (1758).

Les comètes sont des corps constitués de poussières et de glace de petites dimensions (la comète de Halley mesurait environ 16 x 8 x 8 Kms à son dernier passage) qui se subliment à l’approche du soleil (leurs queues n’émettent pas de lumière, elles reflètent seulement celle du soleil). Elles seraient aussi vieilles que le système solaire et proviendraient de ses bords extérieurs (de la ceinture de Kuyper et du nuage d’Oort). Leurs orbites particulières s’expliquent par des perturbations gravitationnelles provoquées par des étoiles proches ou des gaz interstellaires.

Les comètes prennent encore une autre dimension énigmatique quand on sait que l’analyse de leurs poussières ont permis la découverte d’une vingtaine de molécules organiques et qu’elles ont dès lors peut-être un lien étroit avec les origines et l’évolution de la vie sur terre.

Quant à la comète Mc Naught du nom du chasseur d’astéroïdes qui l’a découverte (lorsqu’elle avait une magnitude de seulement 17,3), elle peut sans doute déjà être qualifiée de plus belle comète du 21ème siècle pour les observateurs de l’hémisphère sud. Elle fut visible pendant un mois, atteignit une magnitude de – 6 et sa queue une longueur de 40 degrés sur la voûte céleste (représentant plusieurs dizaines de millions de kilomètres). Elle ne put malheureusement pas être observée par les instruments du mont Paranal car elle ne s’est dégagée que de 19 degrés au-dessus de l’horizon alors que les instruments ne peuvent pointer un axe en dessous de 22 degrés.

Mc Naught est une des rares comètes qui ne reviendra jamais car son orbite est devenue hyperbolique, elle quittera donc le système solaire.


1er décembre 2007

Sa qualité de finaliste du prix Goncourt ajoutée à celle d’être édité par une jeune maison d’édition encore peu connue m’ont incité à lire le livre de Michèle Lesbre, Le canapé rouge.

Sabine Wespieser Editeur propose des livres de format intermédiaire (18,25 cm/14 cm, juste 3 cm de plus en largeur que le livre de poche), à la facture un peu passée : fond beige, liseré de pourtour brun clair, dos brun foncé, nom de l’auteur enchâssé dans un bandeau vert-de-gris et le titre dans un rouge garance.

Un livre bien de saison, un contenant en accord avec le contenu teinté de nostalgie, de souvenirs (d’amours perdues) se mêlant à la mélancolie des paysages de la grande Russie… et des hommes et des femmes qui y vivent. Une belle élégance d’écriture livrée en chapitres concis (cinq pages maximum) pour nous emmener dans un voyage physique et mental à travers la Sibérie à bord d’un train omnibus entre Moscou et Irkoutsk (au bord du lac Baïkal).

Le texte de quatrième de couverture nous laisse supposer l’intention d’un message politique et sociologique car l’homme que la narratrice va rejoindre se serait exilé par idéal (pour ne pas renoncer aux utopies…) et qu’il est donné aussi de l’importance à la lectures des aventures d’Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme ou de Marion de Faouët qui redistribuait le produit des ses rapines aux miséreux. Mais cette coloration engagée que l’éditeur voudrait donner apparaît à la lecture tout à fait diluée par la dimension poétique.

Le vrai sujet est celui des amours perdues inconsolables, d’une complicité entre deux femmes de générations différentes tourmentées par la quête éperdue d’un équilibre sentimentale, se muant - trop uniquement ? - en quête de sens de l’existence.

La fraîcheur littéraire d’un vent du nord automnal laissant le regret tout de même des brises estivales des vies sans amours déçues.


29 novembre 2007

La critique de livre ou de film émise par ceux qui vivent dans la sphère d’influence (radio, télévision, journaux, revues spécialisées) de ces industries (de l’édition et de la production) est le plus souvent outrageusement complaisante, surtout à l’égard des auteurs et réalisateurs déjà réputés, oubliant le principe que toute réputation est toujours à reconsidérer car surfaite de nature.

Ainsi le dernier film, après dix ans d’absence, de Francis Ford Coppola (réalisateur du Parrain et d’Apocalypse Now) qui revient avec L’homme sans âge, un film qui paraît-il nous invite à méditer sur le propre de l’homme, ses facultés de parler, de communiquer idées et concepts ; qui pose la question de l’origine de son premier langage ; qui livre une réflexion philosophique sur le temps, la mort et le sens de la vie…

Or après vision, ce film apparaît juste comme un amalgame de clichés mal ficelés et invraisemblables au départ de la contingence extravagante d’un foudroiement en pleine rue qui permet à la victime de rajeunir et de voir démultiplier ses facultés. Facultés et rajeunissement qu’elle perdra à la fin, évidemment…

Un scénario qui cherche à rassembler artificiellement tous les ingrédients du parfait thriller philosophique en s’inspirant trop visiblement du Da Vinci Code mais en moins bien ficelé et avec moins de suspense encore… Une impression générale de grande confusion et de survol très approximatif du sujet.

Quant au fondement philosophique (l’accroche spirituelle du film) supposé nous instruire et nous faire réfléchir sur le propre de l’homme (et sa faculté de communiquer), il nous est juste servi quelques délires médiumniques en langues anciennes (égyptien, sumérien… et finalement gloussements!) et quelques tracés de hiéroglyphes et de caractères chinois de la main du professeur de linguistique rajeuni.

Un film qui n’instruit pas, qui ne surprend pas, qui n’émeut pas mais qui repose… en présentant l’avantage au réveil de donner l’impression de ne s'être pas endormi.


25 novembre 2007

Nous entrons dans la ville à la nuit tombée. Flotte un parfum de surréalité. Le fleuve que nous longeons est d’huile et sa largeur inclinerait à le confondre avec un grand lac reflétant des empires mystérieux de lumière. Devant lui, le long du quai se dresse un volume parallélépipédique massif à la façade entièrement vitrée et éclairée de l’intérieur. On y voit les tranches horizontales des étages, des successions de portes équidistantes, des silhouettes circulant entre celles-ci dont une revêtue d’un tablier blanc, une autre d’une robe de nuit, enfin un lit sur roulettes surmonté d’une potence…

Plus loin, un pont apparaît mais se perd dans l’obscurité avant d’atteindre l’autre rive. Plus haut, une citadelle intangible laisse à peine deviner le profil illuminé de ses remparts flottant dans les airs. Dans une rue latérale déserte, une femme seule marche prestement un bouquet de fleurs à la main. Au détours de deux autres rues sombres apparaît soudain sur la place un théâtre lumineux campé au milieu de cette cité obscure et silencieuse qui sans en douter s’est érigée tout autour pour cette occasion unique. Une cité symbolique autant que surréaliste née sans doute de l’imagination de Félicien Rops et de Henri Michaux à moins que ce ne soit l’inverse…

C’est ici que s’est arrêté ce soir sans le savoir le dernier de leurs justes héritiers, le seul qui ait touché sans le vouloir les limites de l’Être et du réel par la conjugaison de circonstances privilégiées dont une prédisposition du subconscient aux débordements ultrasensibles grâce à l’alliance miraculeuse du corps, de l’esprit, de la voix, du texte et de la musique. Il connaît maintenant la méthode mais ne veut trop en abuser car elle a un prix, celui d’apparaître archangélique...

Encore une fois, toutes les conditions se sont mises en place d’elles-mêmes sans qu’il l’ait spécialement cherché puisqu’il ne s’est fait accompagné que de deux musiciens et qu’il s’est promis de ne pas rester trop longtemps. Il s’y rendra donc encore un peu dans ces contrées insolites puisque tout l’y invite et se prête à merveille.

À l’heure dite, surgies de nulle part, parfois d’autres villes et régions moins irréelles, des ombres affluent à travers les rues vers le théâtre, des ombres qui savent… Il lui suffit alors de se mettre en place au milieu d’elles et de chanter avec sincérité dans son rond de lumière pour que les visitations se produisent. Il semble alors qu’il ne se fatiguera jamais de ses sacrifices car comme la lune fidèle à n’importe quel quartier, il veut être utile à ceux qui l’ont aimé, à ceux qui l’aimeront et à ceux qui l’aimaient, il veut être utile à vivre et à chanter… comme ses précurseurs voulaient l’être à peindre et à écrire.

Personne ne s’étonne qu’à la sortie, la pleine lune est là qui attend pour raccompagner ceux qui sont venus et personne ne croit au hasard que la lumière dans laquelle tous s’en vont - avant que la ville ne se dissolve - est une homophonie du nom de celui qui a chanté ce soir…


22 novembre 2007

Projection en avant-première (dans le pays) hier soir, au cinéma Le Parc, du film québécois La Capture, en présence de Carole Laure (réalisatrice et scénariste).
Celle-ci se prête de bonne grâce aux photos et dédicaces dans le hall d’entrée du cinéma. Pleine d’énergie et de jovialité l’ex-comédienne et chanteuse déboule quelques minutes plus tard dans la salle en courant (à l’annonce du présentateur des Grignoux) pour venir dire quelques mots de présentation. Après avoir fait l’éloge du cinéma québécois très apprécié pour l’instant de l’autre côté de l’Atlantique, elle nous avertit que son film n’est pas une comédie, que l’on ne rira pas… Elle termine en disant qu’elle va profiter de la projection pour aller «bouffer» parce qu’elle connaît son film par cœur mais qu’elle reviendra en parler avec nous ensuite…
Juste avant de quitter la salle, elle lance encore (sans micro) au public que c’est un sujet grave tout de même…

Elle a en effet choisi de traiter le sujet difficile de la violence conjugale. Des images touchantes dès le début mais on comprend très vite l’option choisie par la réalisatrice, celle du conte (de fées), donc de l’irréalisme et de l’invraisemblance plaçant le spectateur rationnel en porte-à-faux... On se laisse néanmoins prendre au jeu de certaines scènes réalistes très fortes, sans que la cinéaste ne cède jamais à l'étalage de la violence pure et dure. Dans les intervalles, il nous est permis d’entrer dans les pensées et les phantasmes de Rose, l’héroïne du film. Des opportunités qui permettent à Carole Laure de nous dévoiler son sens de l’esthétique par le langage des corps (dans l’amour ou en évolution dans la nature), son goût évident pour la danse (avec de véritables scènes de ballet) et pour l’art contemporain (pour l’extravagance de certaines situations).

On peut évidemment douter que la leçon donnée par Rose à son père porte ses fruits, encore moins qu’elle puisse servir d’exemple – ce qui pourrait s’avérer dangereux, car les bourreaux qui malmènent leur famille sont souvent des malades très difficiles à soigner. Mais on aura compris que le message essentiel de la réalisatrice est de ne pas rester passif dans ce type de situation, de réagir fermement à l’image de la jeune héroïne pour briser le cycle infernal de la violence…

Il faut malheureusement admettre que le remède le plus raisonnable et le plus efficace est « l’éloignement » pur et simple de la source des persécutions. Mais en se tenant à cette solution il n’y aurait pas eu de film…


19 novembre 2007

La grève des cheminots et des étudiants persiste en France. Le vrai visage du petit Nicolas se dévoile pour une part croissante de ses électeurs (non naturels) qui se réaniment lentement mais sûrement du coma dans lequel les discours pathétiques et volontaires (au travail, au mérite, à la croissance, à la droiture, à la patrie, etc.) les avaient plongés. De ces envolées il ressort aujourd’hui surtout la volonté d’imposer et d’affronter les récalcitrants aux dictats de l’idéologie qu’il promeut. Une idéologie somme toute facile à appliquer puisqu’elle consiste à assujettir les cibles les plus vulnérables (les salariés, les fonctionnaires, les étudiants…) pour entretenir et gonfler encore (et toujours) les privilèges des spéculateurs, détenteurs de capitaux, en les introduisant (par exemple) en masse dans le conseil d’administration des universités (lançant ainsi un processus de privatisation de l’enseignement) avec les conséquences que l’on devine.


3 novembre 2007

Visite cet après-midi de l’exposition organisée à l’occasion du tricentenaire de la mort de Jean Del Cour (1631-1707), grand représentant de la sculpture baroque dans la région. Quelques bois sculptés, marbres et terres cuites de l’artiste ont été réunis en l’église Saint-Barthélemy (récemment restaurée) mais aussi et surtout des œuvres de ses contemporains (concurrents et élèves), un portrait (peint par Jean Gilles Del Cour en 1685) et différents documents : registres comptables, commandes, gravures et plans de la cité…

Elève de Le Bernin à Rome, Jean Del Cour fait mieux que de copier son maître puisqu’il modère les élans démonstratifs et pléthoriques de la sculpture baroque italienne pour les accommoder à une mentalité moins exubérante et geignarde. On constate surtout chez cet artiste une connaissance parfaite du corps humain et de ses proportions, des incarnations plausibles, des attitudes posées… qui trouvent l’effet pathétique recherché sans recours à l’outrance. Subsiste un brin d’intempérance inévitable dans le drapé, vecteur essentiel de l’expression baroque en sculpture.

Un panneau explicatif reprend un extrait du livre d’André Félibien Idée du peintre parfait (1699), où il insiste sur les rapports entre la draperie et le corps : il faut que les plis se trouvent comme par hasard autour des membres, qu’ils les fassent paraître ce qu’ils sont, et que par un artifice industrieux il les contrastent en les marquant, et qu’ils les caressent, pour ainsi dire, par leurs tendres sinuosités, et par leur mollesse. Un conseil qui semble avoir surtout été suivi pour l’artifice industrieux jusqu’à faire oublier les membres…

D’après les explications données il existerait des systèmes de drapé dans lesquels on trouve un vocabulaire (les plis) et une syntaxe (l’agencement des plis) dont l’expression varie (le style). Jean Del Cour aurait été attaché au pli en pince à bec ou en «Y» agencé en réseau dendritique.

La grande profusion des plis et les saillies du tissu donnent certes du rythme et intensifient le vibrato des surfaces mais confèrent aussi à l’ensemble une artificialité systématique un peu gênante sauf si on admet que le souffle miraculeux qui les provoque est la marque visible de la présence de Dieu.

Une exposition finalement assez limitée en œuvres (du maître concerné) par rapport à ce qui est annoncé avec une grande absente - peut-être la plus belle, Le Christ mort visible (gratuitement!) à la Cathédrale.

Un tarif individuels excessif (7,50 €) pour un rassemblement d’œuvres provenant toutes d’églises ou de musées voisins.


2 novembre 2007

Petite balade à Stavelot cet après-midi pour l’exposition Che Guevara, figure principale de la révolution cubaine, assassiné il y a quarante ans (le 8 octobre 1967) par l’armée bolivienne (dirigée à l’époque par la CIA).

Une exposition sans doute utile car l’image du Che est toujours abondamment exploitée sans que ceux qui la brandissent ou qui y sont confrontés ne sachent exactement ce qu’elle représente ni ne connaissent l’histoire de cet homme.

Le célèbre portrait du commandant, au béret étoilé et au regard lointain est l’image photographique qui fut la plus reproduite au monde (dont notamment 20 millions de tee-shirt imprimés à son effigie). Elle est devenue l’icône de la révolution, le vecteur essentiel du mythe du «rebelle éternel». (La photo fut prise par Albert Diaz Guitérez alias Korda lors de l’enterrement des victimes de l’explosion de La Coubre, un navire chargé d’armes destinées au nouveau gouvernement cubain dirigé par Fidel Castro).

L’exposition très didactique présente de nombreux panneaux relatant sa vie presque année par année, des photos, des cartes où sont retracés ses voyages, quelques objets évocateurs, des poèmes, des citations et un film documentaire… Elle est complétée par des affiches, des informations sur le «crocodile vert» (l’île de Cuba) et des peintures réalisées par une quinzaine de peintres belges et étrangers sur le thème du Che.

Une exposition obligeante et conventionnelle autour d’un sujet pourtant contraire au bienséant : la révolution. Au final peu d’enseignements, d’éclairages inédits invitant à la réflexion, d’incitations à un jugement de valeur, d’aspects critiques du phénomène du «mythe» ou du «modèle»…
Mais elle pèche surtout par les omissions de témoignages (pourtant encore nombreux) sur ses actes et son comportement susceptibles de remettre en question son image de révolutionnaire romantique.

L’obtention de son diplôme de médecine s’y trouve bien souligné mais pas dans l’optique de mettre en lumière la contradiction avec son choix de devenir ensuite un guérillero de profession. Le serment d’Hippocrate que prête tout médecin dit pourtant : «…que mon état (de médecin) ne servira pas à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime… que je sois couvert d'opprobre et méprisé de mes confrères si j'y manque».

Aucune trace donc des témoignages directs sur sa personnalité comme celui du reporter Agustin Alles Sobreron qui est âgé aujourd’hui de 81 ans et qui l’a rencontré dans son campement. Il décrit le Che comme réservé, intériorisé, rigide, pas vraiment antipathique mais imbu de lui-même et un peu arrogant, en un mot, l’argentin typique ! Les guérilleros qui l’ont côtoyé ou les parents de condamnés venus lui demander grâce le dépeignent comme intraitable, sans pitié et injuste.

Le Che a de sources sûres du sang sur les mains, il a exécuté sommairement (devant témoins) un paysan qui avait signalé la localisation d’un groupe de guérilleros et fait passer devant le peloton d’exécution un total de 216 personnes lorsqu’il était devenu le commandant de La Cabana, une prison forteresse qui domine La Havane.

Il apparaît donc évident que le défenseur de la pauvreté a manqué de noblesse et d’humanité, qu’il s’est laissé aller à la déréliction morale et au sentiment d’impunité qu’offrent les conditions de la «révolution», qu’il s’y est complu. Une irresponsabilité d’autant plus condamnable que l’homme était médecin et très cultivé.

De quoi flétrir l’image et le mythe… ce que ne fait pas l’exposition bien au contraire ni les intellectuels appelés à des réflexions sur l’homme (affichées sur un panneau dans le cloître) et qui se sont tous laissés prendre au piège de l’encensement.


1er novembre 2007

En soirée, petite tournée de manèges sur la foire d’octobre avec ma fille après celle des cimetières pour rasséréner le sentiment d’être bien en vie et consolider la persuasion de l’être encore pour quelque temps…

L’attraction élue est le Deca Dance qui présente un grand plateau incliné tournant pourvu de quatre axes rotatifs autour desquels sont fixées quatre nacelles. L’ensemble en mouvement progressivement accéléré, provoque des propulsions glissées, de brusques changements de direction et de sens de rotation offrant les sensations d’une danse échevelée et enivrante.

Une de ces danses qui rappelle celle des cérémonies tribales des indiens d’Amériques d’autant que ce déchaînement se conjugue sur une musique percussive du style techno, trance, hardtek…aux lignes mélodiques répétitives et planantes que des jeux de lumière extrapolent conférant à ce manège un pouvoir de translation entre la vie et la mort ?


Si l’œuvre d’art se définit fort bien comme l’ensemble organisé de signes et de matériaux propres à un art, mis en forme par un esprit créateur (Le Grand Robert) on ne peut imaginer que «l’œuvre» se départît de son sens premier c’est-à-dire le «travail». Chaque œuvre d’art doit rester le fruit d’un travail perceptible en soi de recueil de sensations, de réflexions, de conceptions à part entière. Ce qui la différencie du «produit», résultat palpable d’un systématisme à vocation commerciale.


31 octobre 2007

Visite hier du site du Grand Hornu et du MAC’S pour l’exposition Des fantômes et des anges organisée à l’occasion du cinquième anniversaire du Musée des Arts Contemporains de la Communauté Française de Belgique. Une exposition imaginée au départ des collections du musée d’Art Moderne de Lille (en travaux) avec l’intention de mêler des œuvres d’art moderne, d’art brut et d’arts contemporains, de les confronter, de leur trouver des analogies…

Une confrontation parfois très prudente puisque l’immense Magasin aux foins accueille en tout et pour tout cinq œuvres distantes l’une de l’autre de plusieurs dizaines de mettre, de quoi laisser de la place aux fantômes…
A peine plus d’audace dans les Ecuries où le parachèvement des murs (et des œuvres) à gommé toutes traces du passage des anges...

Un gros effort visuel est nécessaire pour lire le nom des auteurs, volontairement transcrit en tout petits caractères et entre parenthèses. La volonté des concepteurs de l’exposition étant d’interpeller le spectateur par l’oeuvre plutôt que par la réputation de l’artiste, de privilégier le regard franc débarrassé de toute culture... Le vernissage de l’exposition ayant eu lieu sans la mention des noms, des doléances légitimes ont incité l’organisation à les légender au minimum… On peut en effet se demander si cette pratique (d’anonymat des œuvres présentées) de plus en plus répandue dans les galeries ne porte pas atteinte aux droits d’auteur - dans les mêmes circonstances que l’on publierait des livres sans révéler les noms des écrivains…

Du parcours de l’exposition il émerge surtout une impression d’hétéroclisme. En fait de confrontation, de comparaison, ou d’analogie, on ne trouve que différenciation. Malgré les efforts du guide, le visiteur a du mal à trouver un quelconque rapport entre les œuvres sinon celui de la nébulosité qui enveloppe l’art contemporain et qu’on a voulu étendre pour l’occasion à celui de l’art moderne et de l’art brut en les mettant en situation…

Une certaine morosité nimbe le lieu et l’atmosphère du musée. Si le site de cet ancien charbonnage réhabilité ne manque pas d’intérêt et de charme, il n’en reste pas moins un ex-site industriel n’inspirant pas à l’optimisme d’un présent et d’un avenir prometteur et novateur. Un aspect que les fanatiques de la restauration oublient peut-être trop souvent. (Si l’on peut faire une comparaison forcée avec le Guggenheim de Bilbao présentant aussi de l’art contemporain, il y a une planète de différence !)

L’architecte qui a conçu les nouveaux bâtiments semble en outre avoir omis l’éclairage naturel dans toute la dernière partie du musée (salle Pont et grande Salle). Et lorsqu’en plus le directeur affiche un goût prononcé pour l’obscurité intellectuelle et les fantômes… le sentiment de mélancolie s’explique et la faible fréquentation du musée aussi. Le visiteur doit sans doute rarement y revenir à moins de se complaire dans la déprime.

Il ne faudrait pas faire croire que l’art contemporain ne supporte pas la couleur…


28 octobre 2007

Comédie sur un quai de gare de Samuel Benchetrit au théâtre Proscenium, hier soir.
Une jeune fille, un jeune homme et un monsieur ayant au moins deux fois leur âge attendent sur un quai de gare et sur trois bancs différents un train qui n’arrive pas. L’homme plus âgé interpelle le jeune homme pour lui demander comment il trouve la jeune fille, le conseille dans sa manière de l’aborder… s’ensuivent échanges et réparties gênées entre les jeunes gens au bout desquels le jeune homme apprend que l’entremetteur est un père essayant de casé sa fille. Les jeunes gens se séduisent néanmoins et le père regrette presque aussitôt de voir sa fille amourachée et prête à le quitter…

Une pièce au sujet un peu mince, conventionnel et formaté (pour un gabarit de théâtre). Une écriture au degré d’interprétation unique, aux dialogues sans surprises, à la chute prévisible et sans ponctuation... Les recours à l’absurde qui pourraient seuls justifiés le titre de comédie sont dissonants et ressentis comme cherchant à pallier les faiblesses du scénario (moments cruciaux laissés à l’imagination du spectateur, interventions de l’hôtesse de gare par haut-parleur, embrassades violentes inopportunes, disparition de la protagoniste après le passage d’un train...). Les carences du texte se répercutent dans une mise en scène flottante ou déplacée…

Un spectacle rattrapé néanmoins par la qualité du jeu des comédiens qui réussissent en passant entre les mailles du filet de l’absurde à faire passer quelque émotion.


27 octobre 2007

Jogging hebdomadaire dans les bois du Sart-Tilman ce matin. J’entends le jogging comme une séance de course à pied à faible allure n’excédant pas (pour ma part) soixante minutes et se déroulant dans un environnement naturel agréable si possible pas trop fréquenté (la forêt ou la plage). Je ressens cet exercice comme bénéfique pour la condition physique, l’équilibre nerveux et psychique mais surtout comme une occasion régulière de rencontre avec la nature. Ces séances me permettent de suivre son évolution au cours de l’année (de voir venir et s’en aller les saisons…), de la contempler, d’établir une relation particulière comme si l’effort physique au milieu d’elle me donnait un privilège…

Ainsi ce matin chaque foulée était rythmée par le crépitement du tapis de feuilles mortes. Il y avait comme une onctuosité pédestre à sentir cette frondaison déchue envelopper le pied, glisser, s’écarter puis frémir. Je levai souvent la tête pour chercher la ramure de leurs géniteurs - hêtres, frênes, bouleaux, sorbiers, châtaigniers, chênes… - et discerner les subtilités colorées des derniers atours subsistants : ocre dorée, brune, violette, terre de sienne, ombre brûlée, brun garance, roux, auburn, boucané, marron, caramel, acajou, havane, fauve…

Un chêne rouvre semble avoir calculé à distance la chute d’une de ses feuilles brun de noix pour qu’elle me tombe juste dans la main comme le cadeau relique d’une nouvelle saison consommée. J’ai flatté quelques secondes entre mes doigts ses nervures, ses pourtours sinueux, sa texture douce et craquante pour l’abandonner quelques dizaines de mètres plus loin, comme en sacrilège, sous un charme commun.


24 octobre 2007

Itinéraire d’artiste me laisse fatigué mais satisfait d’avoir reçu en deux jours plus d’une centaine de visiteurs dont une bonne trentaine qui m’étaient inconnus, ce qui n’est pas si mal étant donné la situation très excentrée de l’atelier-galerie (aux limites du territoire de la ville).

Cette édition m’aura amené, mieux que les précédentes encore, à tenir non seulement mon rôle de peintre mais aussi à entrer dans celui du metteur en scène pour mes interventions sur l’environnement extérieur (dans le jardin et dans l’allée), de l’exégète de mes propres oeuvres (par mes textes et légendes explicatifs naviguant entre science et poésie), de l’organisateur (pour le choix et la disposition des œuvres – trente-six en tout, la conception graphique des invitations…), de l’hôte et du guide - si possible disponible - sans être importun… Bref, une expérience globale toujours enrichissante.

Ce type de manifestation qui laisse à l’artiste entière liberté m’aura permis de proposer un ensemble représentatif et récapitulatif de mon travail depuis plus de dix ans, permettant ainsi - même pour moi - de mieux l’envisager, de dégager son orientation, d’y voir une cohérence dans sa variété (qui ne fut pas toujours aussi apparente) et surtout d’en pressentir un développement futur inattendu…

Les congratulations et encouragements un peu plus fermes qu’à l’ordinaire osent me laisser croire que le public a réellement perçu cette fois une continuité «solide» dans la démarche et qu’il a ressenti par ailleurs la «gratuité» de tant d’énergie investie pour le seul amour de l’art (les interventions extérieures n’auront vécu que le temps de la manifestation) et le partage spirituel et sensitif qu’il induit.


16 octobre 2007

Libération cette nuit de Bertrand Cantat, chanteur et parolier (d’inspiration rimbaldienne) du groupe rock Noir Désir.

Le retour de cette affaire à la Une pour nous rappeler la difficulté d’appliquer dans son comportement au quotidien et en toutes situations, l’humanisme que l’on affiche et revendique en public ou au travers une activité artistique. On peut bien être chanteur, poète, passionné de littérature, rebelle aux abus de pouvoir politique et financier, porte-drapeau d’une jeunesse critique et lucide, s’engager dans des actions pour la défense de l’environnement ou des plus faibles … et se retrouver un soir meurtrier… faute d’avoir été capable de trouver un équilibre psychologique, de maîtriser sa sensibilité, ses émotions, ses nerfs et d’avoir mesuré son recours aux palliatifs...

Cette histoire incarne toute la difficulté de passer de la théorie des idées à la pratique, de traduire sa pensée dans son comportement à chaque instant, de franchir au mieux les obstacles et les pièges que les circonstances nous tendent en restant droit…

Être habité d’humanisme dans tous les sens du terme c’est-à-dire manifester un appétit critique de savoir visant à s’épanouir par la culture et à devenir plus humain, plus altruiste… apparaît donc seulement comme un impératif minimal, un fondement sur lequel toute une vie doit se construire. L’édification demande soin, vigilance, remises en question permanentes, beaucoup d'individus en restent hélas à la fondation… ainsi Arthur Rimbaud, le mentor du chanteur, qui eut une fin d’existence de trafiquant d’armes lamentable, donnant un crédit usurpé à l’idée que l’humanité et le génie sont incompatibles.


10 octobre 2007

Itinéraire d’artistes 2007 se prépare, les portes de mon atelier (du moins de l’un de mes deux ateliers – le plus vaste, côté « jardin » ; celui côté « ciel » étant d’un accès difficile sinon dangereux…) seront ouvertes les samedi et dimanche 20 et 21 octobre prochain (de 10 à 19 heures). Cette manifestation est toujours l’occasion d’un rangement et d’un grand nettoyage qui donnent des allures de galerie (modeste) à cet espace. Certains le regrettent puisque l’un des buts de l’opération est de faire découvrir le lieu de création de l’artiste avec son désordre, ses tables, panneaux sur tréteaux chargés de pinceaux, pots, tubes de couleurs et toiles dispersées et accumulées dans les coins… Mais on a le sentiment dans ces conditions de visite que le résultat du travail devient presque superflu. Il sera donc fait en sorte que celui-ci prime sur les outils…

Itinéraire est tous les deux ans une opportunité nouvelle de puiser librement dans mon « fonds » de manière à présenter le plus grand panorama possible de mon activité picturale. La peinture n’ayant pas pour moi a priori une vocation commerciale ou de quête de renommée mais plutôt celle d’une exploration permanente, j’ai adopté pour principe de refuser la contrainte stylistique et d’user de diverses techniques et mises en forme pour exprimer au mieux mon ressenti, l’ensemble apparaissant dès lors très éclectique.

La présentation s’articulera autour de quatre grands thèmes : l’invisible (ou les dimensions cachées), les apparences, les origines (de la vie sur terre) et l’actualité (sous forme de métaphores). Pour la première fois, il sera présenté dans le jardin des œuvres in situ (en rapport avec leur environnement immédiat). Toujours curieux de faire interagir l’image et le texte, la plupart des œuvres seront légendées de manière inhabituelle...


3 octobre 2007

La faible écho de la disparition pathétique d’André Gorz la semaine dernière en comparaison de celui fait aux arrogances dictatoriales de certains hommes politiques révèle une fois de plus l’incapacité des médias à déceler et à mettre en lumière les vraies valeurs humanistes – à moins que cette fausse pudeur ne soit délibérée…

À l’heure où près de trois couples sur quatre se séparent, André Gorz a mis fin à ses jours par amour à l’âge de 84 ans… Il s’est donné la mort avec son épouse Dorine (âgée de 83 ans) atteinte d’une affection évolutive depuis de nombreuses années. Il l’avait rencontrée il y a près de soixante ans et lui avait consacré son dernier livre paru en septembre 2006: Lettres à D. Histoire d'un amour (Editions Galilée). Il écrit à la fin du livre :"Nous aimerions chacun ne pas survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble."

André Gorz était philosophe, écrivain, cofondateur du Nouvel Observateur. On lui doit notamment Ecologie et politique, Ecologie et liberté, Adieux au prolétariat, Métamorphoses du travail et L’immatériel. Son œuvre en fait le penseur essentiel de l’écologie politique (visant à une plus grande harmonie entre les Hommes et la nature), elle dénonce les dérives de l’économie (provoquant des fractures sociales et encourageant l’individualisme) et étudie les manières de la mettre mieux au service de tous les Hommes.

La fin d’André Gorz apporte la preuve d’une sincérité de paroles, d’une conviction de pensée (contrairement à d’autres théoriciens et essayistes) et d’une foi irréfragable en une des potentialités de l’être humain : l’amour.


29 septembre 2007

Notre société du spectacle incite de plus en plus de personnes à exploiter la moindre parcelle de notoriété que le petit écran a le don d’octroyer très rapidement quel que soit le motif d’apparition d’un visage dans la petite lucarne. Il en va ainsi des speakerines qui passent en politique ou à la chanson…

La curiosité, le prix démocratique des places et surtout la présence d’un couple d’amis, nous ont amené à nous rendre vendredi soir au Foyer culturel de Seraing pour entendre chanter une ex-speakerine (compagne d’un ex-directeur de programmes de RTL…) le répertoire de Charles Trenet.

Cet auteur-compositeur ayant fondé son succès essentiellement sur son charisme et sa façon très personnelle de vivre ses chansons – dont les musiques sont pour quelques-unes mélodieuses mais dont les textes sont un peu légers sinon parfois niais - il fallait s’attendre à ce que l’interprète de substitution rencontre quelques difficultés…

Si la chanteuse dégageait une certaine sympathie et s’adressait abondamment à son public (sans doute le conditionnement de son ancienne profession) pour expliquer dans quelles circonstances chaque chanson fut écrite - dans un train, un avion, etc. ; ce qui explique peut-être leur pauvreté… – leur interprétation fut pour le moins plate, sans transport d’émotions. L’artiste semblait surtout préoccupée par l’image qu’elle pouvait donner d’elle-même (tenue, position, gestuelle…) et par sa diction qui l’amenait à articuler certains mots jusqu’à la grimace. En somme les qualités que le métier de speakerine requiert (sauf pour les grimaces) mais qui sont loin d’être suffisantes pour une chanteuse.

Le spectateur n’aura malheureusement pas eu l’opportunité de «voir» la mer danser le long des golfes clairs car on ne l’aura sentie présente à aucun moment dans les yeux et l’âme de l’interprète, on aura encore moins eu l’occasion d’être emporté par la joie qu’un autre grand succès bien connu aurait dû répandre partout, jusque dans les ruelles et par-dessus le toit...

Difficile sinon impossible de transmettre des émotions, des atmosphères, des ambiances en croyant suffisant de chanter des mots, sans se mettre en situation de vivre, de ressentir ce qu’ils évoquent.

Un bon professeur d’art dramatique dira que se laisser habiter par ce que les mots suggèrent pour les faire vivre pleinement n’est pas non plus judicieux car l’incarnation devient intenable du point de vue émotionnel pour le comédien qui est amené à «jouer» de manière répétitive. Vivre son rôle est encore une «facilité» même si l’acteur (le chanteur) se fait mal… Il doit pouvoir créer une distance intérieure qui le préserve mais l’effet extérieur du ressenti et du vécu doit rester entier…

La première partie a heureusement sauvé la soirée, le Roméo Swing Quartet a joué avec modestie, naturel et une vraie passion palpable par le spectateur ce qui confère à ses yeux de facto une valeur tout autre qu’une présomption de talent déplacée.


27 septembre 2007

« Tout est provisoire, l’amour, l’art, la planète, moi, vous… » répète Octave (Jean Dujardin) avant de se jeter du haut de la tour de son agence de pub dans 99 francs, film inspiré du livre de Frederic Beigbeder et réalisé par Jan Kounen.

On aurait envie de glisser la Belgique dans l’énumération - pour ceux qui ne veulent pas encore croire à sa fin – en ce jour de fête de la Communauté française. Communauté qui n’aurait dès lors plus sa raison d’être car on image mal qu’on eût créé cette institution subsidiaire dans un pays uni parlant une seule langue (le français). Sa création sous cette dénomination semble uniquement avoir voulu répondre à l’affirmation linguistique croissante de la Flandre. Mauvaise réponse…

99 francs détone et déjante du début à la fin. Âmes sensibles et prudes s’abstenir. Octave (Dujardin) est rédacteur publicitaire dans une grande agence de pub, il est couvert d’argent, de filles et de cocaïne. Une histoire d’amour et des contrariétés avec les patrons de firmes qui jugent son travail l’amènent à se rebeller contre le système qui l’a créé. Il sabote la plus grande campagne publicitaire de l’agence ce qui lui vaut un licenciement après avoir été promu au poste de directeur artistique. Mais l’histoire n’est pas aussi limpide car Octave se drogue (cocaïne, ecstasy…), ce qui nous offre plusieurs options à l’issue du script dont le suicide précédé de celui de son amie, d’un raid meurtrier en voiture, etc. Le tout assorti d’effets très spéciaux.

Un film qui se veut une critique percutante de la société de consommation et de son moteur : la pub. Mais un film qui n’offre rien d’autre qu’une distraction délirante puisqu’il ne propose aucun embryon de formule de vie de rechange si ce n’est celle de Robinson Crusoé dans le rôle duquel Octave éprouve des difficultés à entrer (dans la dernière séquence). On continuera donc à consommer allègrement sinon plus…

Beigbeder lui-même l’a bien compris puisque son livre s’inspire de son propre parcours professionnel à la différence qu’il n’a pas quitté son emploi grassement payé (13.000 euros par mois sans compter les notes de frais, la porsche boxter de fonction, les stock-options et le golden parachute) par écoeurement du superflu mais pour écrire son livre qui lui a rapporté un million d’euros au bas mot – il est traduit dans vingt et une langues). De quoi pouvoir consommer encore un peu plus…

Le très médiatisé BGBD en stigmatisant la société de consommation la fait prospérer puisqu’il en est devenu un produit parfait.

PS : Un message à la fin du film signale que chaque année 500 milliards de dollars sont consacrés à la pub dans le monde et que 10% de cette somme suffirait à réduire de moitié la faim dans le monde.


26 septembre 2007

Rien ne semble plus antagoniste que la peinture et les mathématiques et pourtant le livre du philosophe et mathématicien David Berlinski Une brève histoire des mathématiques (Editions Saint-Simon) leur trouve des rapports évidents.

Un de ces rapports se trouve dans cette carte mentale inscrite sur le plan euclidien inventée par René Descartes (1596 – 1650) : le système de coordonnées cartésiennes ou repère cartésien – qui est un schéma représenté par un plan partagé en quatre par deux lignes droites dont l’intersection est appelée zéro ; les nombres vers la droite augmentent positivement et décroissent négativement vers la gauche ; ils font de même vers le haut et vers le bas.

Cette carte - comme toute les cartes - exprime bien davantage que ce qu’elle contient. L’auteur y voit une ressemblance profonde avec l’Ebstorf Mappamundi, cette carte du monde dessinée et peinte par Gervais de Tilbury en 1236 (une mappemonde conservée au monastère bénédictin d’Ebstorf, les trois continents connus à l’époque y sont représentés – Europe, Afrique et Asie, la tête du Christ domine l’ensemble et la ville de Jérusalem se trouve au centre). Gervais de Tilbury y voyait une représentation du monde au-delà du monde.

La remarquable invention de Descartes apporte la preuve qu’il était capable lui aussi de voir au-delà du visible. Ces nombres placés le long de supports dans un plan lui permettent de représenter le monde euclidien, de caractériser les points, les droites, les courbes, de les mesurer et de les situer avec précision. Avec ce repère cartésien, Descartes décrypte la clé cachée qui permet de passer d’un monde à l’autre (comme les Ecritures fournissaient la clé de l’Ebstorf Mappamundi).

Avec ses équations réunissant jusqu’à six paramètres, deux variables, deux nombres et quatre opérations pour caractériser précisément des courbes radieuses, le mathématicien peut voir dans des symboles apparemment banals des contingences qui n’apparaîtront que plus tard. Le théorème de Descartes invite l’œil à s’attarder, il laisse pour la première fois entrevoir que ce que l’on peut dire des objets mathématiques est plus intéressant que ces objets eux-mêmes tout comme une peinture se laisse admirer par le connaisseur bien au-delà de son sujet.


22 septembre 2007

Conférence sur le thème des « mondes disparus » par le paléontologue Edouard Poty hier soir à l’auditoire de la rue des Pitteurs. La profession de paléontologue est peu connue, il y a pourtant plus de soixante mille personnes qui l’exercent dans le monde ! Chacune est spécialisée dans une tranche de temps et un certain type de fossile (permettant datations et corrélations).

Notre sous-sol est composé de dix-huit kilomètres de couches accumulées (au cours des temps) qui constituent des archives extraordinaires, un véritable livre qui retrace toutes les ères de l’histoire de la terre (primaire, secondaire, tertiaire…)
La lithosphère qui est la partie rigide du manteau, glisse sur l’asthénosphère plus plastique et située à une centaine de kilomètres de profondeur. La lithosphère est divisée en six grandes plaques (Afrique, Amérique, Eurasie, Pacifique, Inde, Antarctique) et une multitude de petites plaques (Adriatique, Egée, Caraïbes, etc.). Les plaques bougent de un à dix centimètres par an donc de dix à cent kilomètres par million d’années. Tremblements de terre, bombements, volcanisme caractérisent les endroits où elles se rencontrent. Il arrive que des plaques (océaniques) de cent kilomètres d’épaisseur passent sous une autre ; c’est la subduction. Mais un continent ne peut pas s’enfoncer, il ne coule jamais parce qu’il est trop léger. Ouf !

Le conférencier va retracer l’histoire de la région (situation sur le globe, climat, faune et flore) en remontant au début du Cambrien (-540 millions d’années). À cette époque, le nord de la France, la Belgique, la Hollande, Terre-Neuve et la Nouvelle-Ecosse forment un continent compact de trois mille kilomètres de long qui est situé au pôle sud ! Ce continent est appelé Avalonia, il est séparé du Laurentia (futur Canada) par l’océan Tonquist et du Gondwana (future Afrique) par l’océan Rhéique.

La lente remontée vers le nord de notre petit continent qui deviendra le continent des vieux grès rouges nous est progressivement décrite dans ses mouvements et rencontres (avec les autres continents) mais aussi avec ses montées et descentes du niveau des océans de plusieurs centaines de mètres (vers –340 millions d’années notre région était recouverte d’une mer tropicale !)

Vers –250 millions d’années tous les continents sont réunis et forment la pangée. C’est une catastrophe écologique, le climat est épouvantable et 95 % de la faune et de la flore disparaissent. La pangée se disloque quelques millions d’années plus tard. Vers –120 millions d’années notre petit continent se casse en deux (la séparation d’avec Terre-Neuve) et l’Atlantique apparaît. Vers –70 millions d’années l’Europe est sous eau (recouverte par la mer de la Craie). Nouveau cataclysme auquel s’ajoute la chute d’une météorite qui provoque la disparition des dinosaures.

Dans le futur la terre devrait entrer dans une nouvelle période glacière à moins que l’activité humaine réchauffe le climat. Dans 150 millions d’années la Méditerranée devrait disparaître ! Et notre région devrait continuer à remonter vers le nord pour atteindre le pôle nord dans 200 millions d’années ! Nous aurions donc mis 700 millions d’années pour aller d’un pôle à l’autre.

À cette époque les continents se rapprocheraient pour former une nouvelle pangée laissant supposer que la dérive des continents est soumise à un cycle…


21 septembre 2007

Prestation télévisée comme toujours très envoûtante du petit Nicolas interrogé hier soir à l’Elysée par Arlette Chabot et Patrick Poivre d’Arvor pour le compte de TF1. Nicolas, le petit, est passé maître dans l’art de l’interview. Sa technique (inspirée de celle de Tony Blair - mais l’élève a dépassé le maître) repose sur une franchise et une sincérité très démonstrative, une vitalité et une passion pour la politique, un sens de l’honneur, de l’engagement, de la justice qui paraît sans faille ce qui dose toutes ses interventions d’une bonne pincée d’émotion.

On en pleurait d’admiration… ce que font presque la plupart des journalistes amenés à l’interroger. Vient s’ajouter depuis son élection l’étalage de son sens des responsabilités de sa fonction de chef d’Etat (en répétant à l’envi qu’il assume ses décisions comme si ce seul fait validait leur opportunité et invalidait toutes contestations), de sa capacité à mener (en distribuant bons et moins bons points), de sa valeur d’exemple...

On attendrait donc des journalistes un peu moins de dévotion et un peu plus de sagacité. L’homme domine de la tête et des épaules l’horizon médiatique et politique, au point qu’on ne lui trouve aucun antagoniste capable de le mettre ne fut-ce qu’un instant en difficulté : une offense à la pensée et à l’intelligence française.

On sait déjà qu’il faut de l’aplomb pour se poser en modèle de morale et de justice après une carrière politique qui a conduit au sommet du pouvoir, mais qu’il en faut plus encore lorsqu’on esquive soigneusement l’injustice perpétuelle et ancestrale de nos sociétés : celle qui protège et favorise les nantis.

Un peu facile d’aller «chercher» la croissance en demandant au travailleur de travailler plus, en faisant semblant d’ignorer que la croissance dépend surtout du pouvoir de créativité, de l’inventivité des investisseurs, de la qualité du travail plus que de la quantité.

Inutile de dire que le supplément de travail ramènera ses profits essentiels éventuels aux détenteurs de capitaux à qui il n’est demandé aucun effort sinon de regarder grossir leurs fortunes en France (de préférence) avec le réconfort nouveau de transmettre leur patrimoine sans aucun droit de succession…

Le petit Nicolas aime les privilèges de la richesse, un talon d’Achille dont bien peu de contradicteurs profitent sans doute parce qu’ils les aiment aussi.


18 septembre 2007

Une causerie sur le thème de «À quoi sert la littérature ?» était organisée ce matin en la salle académique de l’université place du 20-Août, à l’occasion de la Rentrée académique. Elle réunissait les écrivains Paul Auster, Nancy Huston, Alberto Manguel, Bahiyyih Nakhjavani qui avec deux autres écrivains absents, Haruki Murakami et Antonio Tabucchi recevront les insignes de Docteurs honoris causa dans le courant de l’après-midi (en la salle de l’Europe au campus du Sart-Tilman).

Était également présent Hubert Nyssen écrivain et fondateur des éditions Actes Sud chez qui tous les écrivains cités sont publiés. Le débat était animé par Alain Delaunois (journaliste) et soutenu par deux professeurs de l’université Pascal Durand et Benoît Denis.

Après une présentation succincte de chaque invité le débat est lancé sur l’intérêt de parler au moins deux langues (le cas de tous les écrivains honorés ce jour).

- Un enrichissement pour sa langue maternelle selon Nancy Huston (américaine vivant à Paris depuis trente ans) qui écrit ses livres en français et les traduit elle-même en anglais. Ecrire dans une autre langue c’est s’aventurer en territoire vierge où l’on peut se libérer de tous les poncifs de sa langue d’origine.

- Une angoisse de ne pas trouver les mots mais aussi un substitut pour tout ce qui ne peut pas se dire dans la langue maternelle selon Bahiyyih Nakhjavani.

- Traduire est la meilleur méthode pour comprendre la littérature, c’est entrer dans la chair de l’œuvre selon Paul Auster qui a donné un cours sur la traduction à l’université de Princeton. Il conseillait à ses étudiants de traduire de la poésie et de s’en tenir à un seul poète par an.

À la question du sujet,

- Paul Auster la trouve trop vague. Lire et écrire ne sont pas nécessaires, d’ailleurs une bonne part de l’humanité n’a pas accès au livre. Mais il remarque que partout l’être humain a besoin de raconter. Tous les enfants réclament d’ailleurs des histoires.
La réalité est très complexe, on reçoit des perceptions multiples à chaque instant, la littérature sert à la clarifier (en choisissant certaines).

- Selon Nancy Huston, la littérature ne sert pas à éblouir ou à étonner car la réalité le fait mieux que la fiction mais à donner une forme à cette réalité. Elle est morale car elle invite à s’identifier à des gens qui ne nous ressemblent pas. Elle relativise quand la presse résume tout à « nous contre eux » (par exemple pour le 11 septembre).

- Selon Hubert Nyssen (qui tient à se tenir en retrait parce qu’il aura à s’exprimer sur le sujet l’après-midi - ce qui n’est pas très adroit à l’égard des auditeurs qui ne pourront pas être présents) la littérature est le moyen qu’on a cherché pour expliquer l’inexplicable, pour trouver un sens et pour s’accaparer une source de pouvoir (une réflexion un peu courte qui semble être le fruit d’une banale recherche dans des ouvrages théoriques sur la question.) Il ajoute que la littérature n’est pas le livre et qu’il est devenu éditeur pour savoir sur quelle planète il était tombé (en écrivant).

- La littérature sert à interpréter les différences entre les lois éternelles. Celles qui changent et celles qui ne changent pas sont toujours en conflit. L’écrivain est porteur des fragments de vie des autres, selon Bahiyyih Nakhjavani.

- La littérature ne donne pas de réponse mais elle suscite la réflexion publique et individuelle, ce qui fait peur au pouvoir, selon Alberto Manguel.

- L’idée selon laquelle la littérature est une bonne chose moralement pour le lecteur est fausse. Mais elle peut nous donner l’expérience de vivre dans la tête de quelqu’un d’autre. On peut donc estimer qu’il y a une recherche de solidarité. On est seul quand on lit mais avec l’idée d’un lien avec les autres. On lit pour avoir une sensation d’humanité, une communauté d’esprit d’après Paul Auster.

- La dernière préoccupation pour un écrivain doit être de vouloir s’exprimer, il doit surtout se mettre dans la peau de ses personnages, ne plus être là.

- Hubert Nyssen fait remarquer que la littérature est aussi une tentative de maîtriser le temps, de l’immobiliser pour le faire perdurer.

- Benoît Denis en réponse à Sarkozy qui lors d’un de ses discours a stigmatisé l’utilité sociale de la littérature, dit que la littérature clarifie, stocke et emmagasine du savoir et le transmet. Elle offre une prise de distance phénoménale.

- La littérature nettoie le langage. Elle est un instrument par lequel nous pensons le monde. Lire peut prémunir de tomber dans les panneaux dans lesquels on voudrait qu’on tombe. Elle permet d’apprendre à décoder un texte, débusquer les pièges. Les écrivains sont des pourvoyeurs d’instrument et d’enchantement, d’après Pascal Durand (dont l’intervention est applaudie).

- On ne survivra que par le biais de l’imagination dit Alberto Manguel.

- Pascal Durand rappelle qu’Aragon a été poursuivi par le ministère public pour appel au meurtre dans un poème. Donc que la littérature peut ne pas être un simple jeu de mots. Et de plaider pour une littérature un peu moins molle, plus agressive, plus engagée en regardant Hubert Nyssen qui n’a pas l’air convaincu (et qui ne l’est pas, vu ce qu’il publie).
Il ajoute que Sartre a dit faire de la littérature engagée pour ne plus entendre la phrase : « Tout ceci n’est que littérature ».

- Nancy Huston reconnaît que la littérature française contemporaine est dans une impasse.

- Pour Bahiyyih Nakhjavani la littérature peut-être un lien entre les religions et les sciences, un moyen de trouver des métaphores pour exprimer ce qui est caché. Comme les scientifiques les écrivains sont là pour essayer de savoir, pour rechercher la vérité. Ils ont un désir d’amour en plus de celui de connaître et de comprendre.

« À quoi sert la littérature ? » pourrait faire un sujet de dissertation de classe terminale, dissertation que d’évidence les écrivains n’ont pas (plus) l’habitude de pratiquer au vu de la réponse barbouillée qu’ils ont donnée. Le sujet a été abordé sans méthode, selon l’inspiration du moment avec beaucoup de hors sujets, même si on sent bien que chacun y a un peu pensé dans le train en venant…
On pouvait peut-être attendre de leur éditeur Hubert Nyssen une réponse plus construite mais il a voulu la tenir en réserve pour le public présumé plus gratiné de la cérémonie de l’après-midi (où elle n’était pas annoncée).
L’animateur du débat a évidemment une bonne part de responsabilité dans la confusion savante de cette causerie.

Sans en faire une dissertation ; une réponse brève : si on définit la littérature au sens des œuvres écrites dans la mesure où elles portent la marque de préoccupations esthétiques ; les connaissances, les activités qui s’y rapportent (Le Robert au sens II) - ce qu’on suppose. La question devient à quoi sert l’art ? À enrichir sa sensibilité, son savoir, son intelligence, son humanité qui apparaît comme le devoir le plus noble de l’être humain, celui qui donne de la valeur à son existence. On peut certes s’en passer et se contenter d’une vie matérielle, pragmatique, fonctionnelle sans se rendre compte que ce sont les qualités impersonnelles de toute machine.


16 septembre 2007

Visite hier après-midi, de la nouvelle gare des Guillemins conçue par l’architecte espagnol Santiago Calatrava. À l’approche, une énorme structure blanche et voûtée disproportionnée par rapport à l’ensemble urbain environnant, mais dessous un espace grandiose et lumineux. Le passage sous les voies est scindé sur ses côtés par les escalators d’accès aux quais délimitant des alcôves où viendront se lover guichets, salles d’attente, espaces d’affaires, commerces… Au centre du passage cinq ascenseurs de verre ponctuent l’emplacement des quais. Au fond une galerie transversale rythmée de hautes arcades de béton donne accès par des escaliers aux différents niveaux de parking et au dépose-minute reliés à l’autoroute par un pont haubané signé du même architecte.

Une oeuvre architecturale réunissant les inspirations éparses des cathédrales gothiques, de l’art nouveau, d’Antonio Gaudi… qui s’impose à la ville plus qu’elle ne s’y intègre mais qui dans l’état de désuétude de son architecture est la bienvenue. On peut même espérer qu’elle essaimera pour faire de la ville une fenêtre attractive de l’architecture contemporaine, cette discipline reine unifiant l’art, le fonctionnel, les sciences et les techniques.

Une sympathique équipe d’accueil arborait un tee-shirt « J’aime le train » (la visite avait lieu à l’occasion de cette manifestation nationale). On aurait eu envie d’acquiescer mais seulement pour un usage occasionnel, certainement pas au quotidien à moins d’habiter à deux pas de la gare de départ et d’avoir son lieu de travail en face de celle d’arrivée.

Si on envisage l’avenir dans une perspective de progrès, donc de praticités croissantes améliorant la qualité de vie, le train n’est pas un moyen de transport d’avenir à moins qu’il ne soit plus l’objet d’aucun retard et changement de quai, que les correspondances soient nombreuses, coordonnées et rapides, ce qui est utopique.

On pressent plutôt à moyen terme encore et toujours l’automobile – pour sa flexibilité incomparable - non polluante et à consommation d’énergie renouvelable modérée dans un réseau routier mieux organisé.


Grand prix de formule 1 cet après-midi dans nos Ardennes dont l’édition de cette année ne doit son existence qu’aux largesses de nos politiciens ayant sacrifié pour l’occasion quatre millions d’euros d’argent public. Le citoyen n’aura même pas eu droit pour cette gracieuseté à une retransmission télé sur la chaîne publique.

Ce grand prix pourrait prendre une dimension un peu plus sérieuse que celle de satisfaire un phantasme de vitesse infantile s’il était exigé des constructeurs des performances de moteurs de plus en plus propres.


15 septembre 2007

Les superbes images de notre galaxie (et d’autres qui lui sont comparables) projetées hier soir lors du cours d’initiation à l’astronomie de Jean-Claude Lefebvre (dont le thème était « Notre galaxie ») m’amènent à la mettre en rapport à l’être humain et à penser que tous les accablements de celui-ci (à l’exception de certaines maladies) sont générés par son implication sociétale locale et globale, donc par des contraintes créées et organisées par l’Homme lui-même au cours du temps.

On en connaît que trop les résolutions et échappatoires délétères : guerres, délinquances, drogues, alcools, etc. Sans doute, ces victimes et surtout ces fomenteurs de l’ombre des siècles n’ont-ils jamais suivi de cours d’astronomie leur assurant une certaine hauteur de vue. Il est pourtant un moyen simple d’esquiver ses frustrations, de surmonter ses désirs irrésistibles, coercitifs pour les autres comme pour soi-même, et de rendre négligeable son microcosme : lever la tête et admirer le ciel.

Nous pouvons ne fut-ce que quelques secondes, nous tourner en confiance vers l’univers chaque nuit, sachant que si on lui doit notre existence – nous sommes des poussières d’étoiles, dixit Hubert Reeves – il ne nous a rien imposé des exigences et des circonstances qui nous tourmentent.

Il est bien sûr préférable d’observer le cosmos au télescope ou à la lunette pour faciliter l’envol vers cette autre dimension mais notre œil suffit largement pour échapper à nos bourreaux. Si la météo et la luminosité des villes le permettent, nous verrons des étoiles appartenant (uniquement) à notre galaxie (jusqu’à six mille dans le Sahara). Tout ce que nous pouvons voir (à l’œil nu) en effet lui appartient et nous ne connaissons sa forme que depuis peu car nous sommes dans la position du poisson cherchant à décrire son aquarium vu de l’extérieur.

Notre galaxie (appelée Voie Lactée) est de forme spirale barrée à six bras. Son diamètre ne mesure pas moins de cent mille années lumières soit 100.000 x 9.500 milliards de kms (distance parcourue par la lumière en un an). Son épaisseur est de dix mille années lumière au niveau des bras et vingt-cinq à trente mille au niveau du bulbe central. Le Soleil se trouve à vingt-sept mille années lumière du centre de la galaxie où se trouve un objet invisible ayant une masse de deux millions sept cent mille fois celle du soleil dans un volume qui lui est à peine supérieur ce qui signe sa qualité de «trou noir».

La galaxie contient un minimum de cent cinquante milliards d’étoiles. Et on sait qu’il y a plus de galaxies dans l’univers que d’étoiles dans notre galaxie… La nôtre est entourée (avec celle d’Andromède avec laquelle nous formons un couple de géantes) d’une quarantaine de galaxies satellites contenant chacune en moyenne cent milliards d’étoiles...

De quoi tempérer les soifs de grandeur sur terre…


12 septembre 2007

La presse rapporte qu’un certain leader flamand qui n’est même pas catalogué extrémiste de droite considère que ce n’est pas parce qu’on parle néerlandais qu’on est Flamand… (en visant un autre politicien de pure souche flamande !)

Quelques maigres voix s’élèvent contre ces propos parmi la communauté concernée représentant sans doute la proportion dérisoire de gens lucides et en capacité intellectuelle de comprendre... la suite du programme de tels directeurs de conscience.

On a aucun mal à croire que lorsque ceux-ci seront parvenus à édifier une fière et grande nation épurée de ses boucs émissaires, les autochtones auront intérêt à bien se tenir et à marcher au pas, avant qu'ils en trouvent d’autres...

La parenté du Lion des Flandres au svastika se précise très nettement même vu de l’étranger… Il suffit d’ailleurs de cligner des yeux pour le confondre.


10 septembre 2007

Visite guidée de la Citadelle hier après-midi à l’occasion des dix-neuvièmes journées du patrimoine organisées par la Région Wallonne. Le thème de cette année était le patrimoine militaire. J’ai opté pour la Citadelle parmi un grand nombre de possibilités de visite parce que ses vestiges juchés sur la colline de Sainte-Walburge à un endroit stratégique – comme il se doit – semble dominer la ville depuis toujours sans que la plupart de ses habitants ne sachent quel fut son rôle réel dans l’histoire et ce que recèle encore ses vestiges…

Bien qu’elle soit quasi invisible, on la sent tapie, présente encore où qu’on se trouve dans la cité. L’effet peut-être de la signalétique imposante de l’hôpital construit il y a quelques dizaines d’années au centre du périmètre pentagonal que formait son enceinte. Le quidam n’y voit plus que des remparts de briques égarées au milieu de grandes pelouses, que des murailles mouchetées de meurtrières vaincues par une végétation sauvage, le laissant libre d’imaginer un labyrinthe de galeries souterraines obscures définitivement inaccessibles. Il y a du « château » de Kafka dans la présence fantomatique de cette fortification surplombant la ville...

Notre guide a la bonne idée de distribuer d’entrée un plan de l’enceinte originale de la Citadelle ce qui permet de suite de comprendre la disposition hétéroclite apparente des remparts, ceux qui subsistent et ceux qui ont disparus. Cinq bastions en saillie triangulaire (aux allures d’as de pique) étaient reliés par des courtines (murs de rempart) protégées par des demi-lunes indépendantes du corps principal de la forteresse. Notre guide nous montre ensuite une vue en coupe qui nous permet de nommer les différents ouvrages de défense en partant de la place forte : l’escarpe (le mur de maçonnerie au-dessus du fossé côté place), le fossé, la contrescarpe (le mur extérieur au fossé côté campagne), la banquette (bande de terrain plat au-dessus de la contrescarpe) et le glacis (talus incliné dégagé de manière à mettre l’ennemi à découvert).

C’est Ferdinand et Maximilien de Bavière qui seraient les instigateurs de cette Citadelle au 17ème siècle, mais elle fut bâtie sur les vestiges d’une autre bien plus ancienne (13ème siècle) qui avait surtout pour but d’exercer une emprise sur les bouillants citadins de la ville « ardente » s’étirant à ses pieds.

À mi-chemin de notre balade autour des remparts, une dame nous attend devant un petit monument (une flèche en marbre verticale accolée au rempart) indicateur du lieu exacte de l’évasion de trois soldats qui ont échappé ainsi de justesse au poteau d’exécution au cours de la Seconde guerre mondiale, les allemands ayant investis la place pour en faire une prison. La dame se présente comme la fille de l’un des trois évadés et nous raconte dans le détail la fuite de son père et son passage en Angleterre grâce au réseau de la résistance.

À l’enclos des fusillés, un autre témoin de la dernière guerre nous attend pour nous raconter l’histoire de quelques-uns des soldats enterrés en cet endroit (ils sont près de deux cents). Il nous conduit jusqu’à la porte (reconstituée) du casernement par laquelle les condamnés sortaient, nous fait passer par le tunnel de la mort et s’arrête un instant devant les trois poteaux d’exécution derrière lesquels se dresse un talus naturel où poussent aujourd’hui des arbres remarquables. Il affirme que la configuration des lieux est intacte (mis à part les arbres qui ont poussé).

À la fin de la visite et après avoir quitté notre guide, sans doute pour échapper à cette ambiance un peu morbide, je me surprends à fredonner le dernier couplet de cette belle chanson de Julien Clerc intitulée La citadelle dont les paroles sont d’Etienne Roda-Gil :

Ta vieille citadelle s’écroule ce soir
Plus de prisonnière et plus de rempart
C’est mieux qu’un dimanche et dans tes bas bleu-noir
Mets ta robe blanche nous partons ce soir
Je t’ai libérée au moins pour un soir
Pour te raconter au moins une histoire
Pour t’émerveiller d’étranges musiques
Et t’amener danser, t’amener danser
Et voilà, et voilà…



8 septembre 2007

Soirée de présentation de la saison du Théâtre de la Place hier soir en la salle huppée du Forum (antinomie du Manège en rénovation) ; soirée gratuite mais sous réservation et retrait de tickets au théâtre au préalable.
Cette soirée permet à l’amateur de se faire une idée des spectacles qui seront proposés au cours de la saison et donc de choisir ceux qui seront les plus susceptibles de lui plaire. Difficile de croire que l’objectif présumé de donner l’envie de venir voir un maximum de spectacles fut atteint à la fin de la soirée...

Chaque spectacle fut l’objet d’une présentation succincte par le directeur du théâtre qui était suivie d’un petit reportage vidéo - projeté sur la grande toile de fond – présentant des répétitions ou des extraits d’une représentation ayant déjà eu lieu dans une autre ville. Certains ont eu la faveur d’un commentaire de leurs metteurs en scène ce qui ne les a pas pour autant avantagés…

Le Théâtre de la Place s’est engagé depuis de nombreuses années - sous l’ère du directeur précédent – dans une voie qui se veut avant-gardiste se faisant ainsi l’obligé d’une mouvance internationale florissante. Le problème est que cet avant-gardisme réputé décalé, déjanté, mêlant divers moyens d’expression est devenu depuis longtemps un académisme affligeant.

Il semble en effet que les metteurs en scène du théâtre « contemporain », tous formés au même moule, ne peuvent plus imaginer un spectacle ne réunissant pas tout à la fois : danse, expression corporelle, vidéo ou projection photographique, chant, musique, bruitage, marionnettes… le tout dans un décor dépouillé mais obligatoirement insolite et animé par des comédiens formatés pour l’extravagance.
Se relèvent partout les mêmes mimiques, les mêmes mouvements de corps, les mêmes onomatopées, pour tâcher de faire oublier un grand absent, fondement même du théâtre : le texte d’auteur. Cette carence excluant d’office la richesse de l’exaltation d’un « texte » par le jeu des comédiens et de la mise en scène, l’essence même du théâtre s’en trouve éradiquée.

On en est donc au règne du melting-pot - du « un peu de tout » mal ficelé, à la prétention de réaliser une œuvre en usant de différentes formes d’art où chacune ne se trouve évidemment pas dans ses meilleures conditions d’expression.
Lorsque les différents cuistots décident tout de même « de mettre en soupe » des textes de valeur, ce sont ceux d’auteurs mille fois joués – des Shakespeare, des Goethe, des Goldoni… ne risquant pas de faire ombrage au metteur en scène (le cuistot) et portant la garantie d’au moins un succès d’estime.

La soirée se termine par trois numéros de cirque, très révélateurs de l’assimilation que les gens du théâtre « contemporain » font de leurs créations avec ces exercices. À ceci près qu’au cirque, la pureté poétique est assurée par son absence de prétention.

On constate qu’en matière de théâtre refuser de servir les textes d’auteurs incline bien à faire du « cirque » mais au sens figuré...


6 septembre 2007

De belles pierres tombales en ruines et proches du déclassement, aperçues en traversant le cimetière de Saint-Gilles, m’ont incité à faire le rapprochement avec les livres et les tableaux. Comme elles, ils ne sont que les témoins sursitaires d’une existence appelée – quoi qu’on fasse – à s’effacer des mémoires à jamais.


3 septembre 2007

Les films sur l’amitié sont rares, sans doute en raison de la banalité du sujet et donc de sa difficulté à le mettre en scène de manière attrayante en trouvant le ton juste. Dialogue avec mon jardinier, de Jean Becker, vu hier après-midi au cinéma Le Parc, réussit ce pari à la faveur de l’adaptation du roman éponyme d'Henri Cueco paru aux éditions du Seuil en 2000.

Un peintre quinquagénaire (Daniel Auteuil) faisant carrière à Paris cherche à retrouver ses sources en retournant vivre à la campagne dans la maison de ses parents décédés. Il fait appel à un jardinier (Jean-Pierre Darroussin) qui n’est autre qu’un ancien copain de classe.

L’essentiel du film se fonde sur le dialogue complice et savoureux entre les deux compères. Daniel Auteuil, loin d’abuser de sa notoriété, donne une réplique toute de retenue, de naturel et de sincérité à Jean-Pierre Darroussin qui campe un jardinier plein de bon sens, de simplicité, de modestie et d’humour.

On ressentira peut-être dans l’apprêt des échanges une pointe d’invraisemblance que le côté désopilant laisse pardonner aussitôt au spectateur. Souvenirs cocasses (en bref flash-backs), jeux de mots, mises en situations drolatiques… en font presqu’un film comique jusqu’à ce que l’ami jardinier s’écroule dans le potager et se trouve conduit chez un spécialiste à Paris qui ne peut que constater qu’il est trop tard pour agir...

La peinture d’une amitié toute simple qui réchauffe le cœur. Une chaleur de vivre qu’on aurait peut-être voulu garder en évitant une fin pathétique…


2 septembre 2007

Les nuisances sonores suivent la courbe ascendante des autres pollutions et souvent même la dépassent. Inutile de dire que cette déprédation de l’environnement est encore moins que les autres la priorité des pouvoirs publics. Ainsi, il n’y a à ma connaissance aucune norme d’isolation acoustique imposée à la construction ou transformation de salles de fêtes, de banquets ou dancings dans le règlement communal des bâtisses !

Etant hélas exposé de manière privilégiée à ses nuisances qui agressent le système nerveux et dont la seule défense relative est la boule QUIES, une nouvelle lettre à l’autorité suprême de la ville s’imposait. Qu’elle la considère lue à très haute voix…

Monsieur le bourgmestre,


Je me permets de vous écrire au sujet des nuisances sonores que nous occasionne tous les week-ends la salle de banquet S.B. Turquoise dont l’entrée principale se situe sur le parking du Delhaize rue de l’Espérance en vis-à-vis de nombreuses habitations dont la nôtre.

Le problème de cette salle est qu’elle est dépourvue de sas d’entrée, que sa double porte est constamment tenue ouverte, et que sa position sur une hauteur en fait un diffuseur idéal de musique pour tout le quartier.

Nous sommes dès lors contraints de supporter une musique d’un niveau sonore inadmissible presque tous les samedis et quelques fois les dimanches de 17 heures à deux heures du matin (en moyenne) – la salle accueillant essentiellement des mariages.

Pourriez-vous, monsieur le bourgmestre, faire vérifier par vos services la conformation de cette salle aux normes et prescriptions urbanistiques au niveau acoustique car elle en est de toute évidence totalement dépourvues, les propriétaires n’y accordant aucun intérêt et n’attachant aucune attention pour essayer d’en limiter les nuisances.

Je crois savoir que les permis de bâtir (ou de transformer) pour de tels établissements ne sont accordés qu’à la condition de la réalisation d’un sas d’entrée. Pour avoir consulté les plans à vos services de l’urbanisme à l’époque des transformations de cette salle je crois me souvenir que le sas y figurait mais il n’a jamais été réalisé...

J’ose me permettre de suggérer que la prescription urbanistique idéale en la matière pour ce genre d’établissement devrait être d’imposer des isolants acoustiques en toitures et des accès pourvus de sas avec des portes munies de bras de fermeture automatique.

Il conviendrait en outre de faire apposer une mention sur ces portes indiquant par exemple ceci : « Par ordre de police interdiction de maintenir les portes ouvertes sous peine d’amendes. » Et en dessous sous forme de signature « Réglementation communale contre les nuisances sonores ». Un sas dont les portes sont maintenues ouvertes ne sert évidemment à rien.

Ces dernières dispositions devraient aussi être appliquées à la salle de banquet Opéra, située juste à côté. (Nous sommes privilégiés !)

A défaut de pouvoir intervenir au niveau architectural, pourriez-vous faire organiser une ronde policière systématique (sans attendre 22 heures) pour nous éviter de devoir porter plainte toutes les semaines.

Je vous remercie d’avance de faire ce qui est en votre pouvoir pour limiter ces nuisances intempestives.

En espérant que ma demande et mes suggestions seront prises en compte dans l’intérêt de tous les habitants du quartier, je vous prie d’agréer, Monsieur le Bourgmestre, l’assurance de ma considération distinguée.



31 août 2007

L’artiste court le danger majeur de trop sacrifier à son art. Tenaillé par le besoin de s’exprimer, de créer, de s’épanouir au travers son moyen d’expression, il se culpabilise, éprouve un malaise latent à chaque instant qu’il ne consacre pas à son activité intrinsèque. L’exercice de l’art réclamant solitude, recueillement, mise en condition poétique, recherche, assiduité dans le labeur… l’artiste finit par risquer d’en oublier de vivre.

Or l’art doit s’inscrire dans la foulée d’une vie normale et plutôt même intense en émotions, situations, rencontres les plus diverses possibles. L’art est un corollaire de la vie non l’inverse.

Aussi, à l’occasion d’un anniversaire, j’ai accepté à l’initiative de ma petite sœur de faire un saut en parachute sur la côte espagnole à Empuriabrava. Quoi de mieux pour appréhender les éléments essentiels de notre planète - l’air, la terre et l’eau - pour se sentir vivant et concret dans la réalité du monde, loin de toutes les échappatoires de l’imaginaire qu’offrent les mots, le dessin, la couleur…

Le parachutisme et sa potentialité évidente d’un accident fatal - avec ses incidents faciles à imaginer - est sans doute le sport où le péril est le plus limpide pour notre imagination devançant de loin beaucoup d’autres au danger pourtant plus effectif.
Sauter pour la première fois en parachute c’est certainement relativiser l’importance de son existence pour en prendre son exacte mesure ici et maintenant.

Nous nous sommes donc présentés à l’aéroclub Skydive empuriabrava le lendemain de notre arrivée en Espagne. Nous avions rendez-vous avec Laurent Hubert, un ami de ma sœur qui s’est expatrié pour exercer son métier de moniteur de parachutisme dans ce club depuis cinq ans. Laurent a eu la délicatesse de prendre congé pour avoir du temps à nous consacrer. Il nous apprend que ce centre de parachutisme est le plus important d’Europe et le troisième au monde (après deux centres américains). Il comptabilise le chiffre effarant de 150.000 sauts par an. Ils sont vingt moniteurs de nationalités diverses à encadrer les apprentis parachutistes. Si la langue espagnole est naturellement fort présente, c’est l’anglais qui domine.

Nous sommes installés à la terrasse de la cafétéria et notre conversation est émaillée des sifflements des parachutes qui fendent l’air en s’approchant du sol à un rythme soutenu. Elle est entrecoupée à intervalles réguliers par le décollage successif des trois avions de l’aéroclub.
La seule formule de saut possible en ne voulant y consacrer qu’une demi-journée est celle du tandem. Lorsqu’on envisage de sauter en solo, il faut consacrer au minimum trois jours de formation (avec de toute façon un premier saut en tandem).

Nous apprenons que l’avion monte à quatre mille mètres d’altitude, que nous tombons en chute libre à une vitesse avoisinant les deux cent trente kilomètres l’heure pendant cinquante secondes environ jusqu’à une altitude de mille cinq cent mètres où le parachute est ouvert et où il reste six à sept minutes pour admirer le paysage.

Laurent a des paroles rassurantes. Il me dit que le saut en tandem actuellement est quasi sécurisé à cent pour cent, qu’il n’y a plus d’accident, qu’on relève à peine une foulure à la réception au sol de temps à autre. Il me montre d’ailleurs un paraplégique en chaise roulante qui sautera juste après moi !

J’enfile un harnais qui sera fixé (dans mon dos) à celui de Laurent dans l’avion. Le briefing ne prend que quelques minutes, il s’agit de répéter la position à adopter à la sortie de l’avion c’est-à-dire « en banane » suspendu entre les jambes du moniteur, les bras croisés sur la poitrine et la tête relevée. Une fois dans le vide il faut ouvrir les bras le temps de la chute libre jusqu’à la tape sur l’épaule qui signifie qu’il faut les refermer avant l’ouverture du parachute.

L’ascension en avion dure un quart d’heure environ. La tension monte avec l’altitude. Le moment vient d’accrocher son harnais à celui de Laurent. On ouvre la porte et un gros coup de frais pénètre la cabine (il faut compter cinq degrés de moins pour mille mètres d’altitude). Le premier tandem se jette dans le vide et je le vois disparaître en moins de quelques secondes. Je réajuste une dernière fois mon masque, m’accroche un instant à la barre en surplomb de la porte puis me laisse suspendre et c’est le grand saut.

La sensation de passer instantanément de zéro à deux cent cinquante kilomètres l’heure, je tombe bien à plat, les bras écartés, les yeux grands ouverts, je vois distinctement la ville d’Empuriabrava se rapprocher à grande vitesse, je ne ressens pas la présence de Laurent dans mon dos. Tout à coup je vois surgir de nulle part notre caméraman qui tombe dans une position assise tourné vers moi, il virevolte puis disparaît, revient quelques secondes plus tard s’approche très près, me tend la main que j’agrippe tant bien que mal, puis le pied… Je commence à deviner les possibilités de jeux, de figures et de plaisir que peut offrir la chute libre.

Laurent me referme les bras et c’est l’énorme coup de frein du parachute qui s’ouvre. La sensation d’une remontée presque instantanée, le passage de deux cent cinquante kilomètres l’heure à vingt à l’heure en deux secondes. Puis c’est la lente descente avec pour paysage, la méditerranée, la baie de Roses, Santa Margarida, et surtout la surprenante marina d’Empuriabrava.
La réception au sol se fait sans problème et tout en douceur. La sensation de sauter d’une marche de trente centimètres tout au plus.

Après avoir rassuré les proches au pays, nous prenons un verre avec notre moniteur et son épouse qui a sauté à partir du même avion que ma sœur. Nous visionnons nos DVD qui nous ont été fournis trente minutes à peine après le saut et nous mesurons le talent et la maîtrise de nos cameramen acrobates.

Nous quittons l’aéroclub riches de sensations nouvelles et confortés dans notre présence au monde. Nous tirons (entre nous - ma sœur et moi) un grand coup de chapeau à Laurent pour son professionnalisme mais surtout pour avoir réussi à faire de sa passion son métier. Il faut deux mille sauts à son actif pour obtenir un brevet de moniteur (et posséder ses parachutes) ce qui ne va pas sans efforts ni sacrifices… Laurent en est aujourd’hui à plus de huit mille sauts !


18 août 2007

Vision de Copying Beethoven hier soir au cinéma Le Parc, un film d’Agnieszka Holland en V.O. avec Ed Harris dans le rôle de Ludwig van Beethoven et Diane Kruger dans celui d’Anna Holtz, la copiste du musicien (copying signifiant transcription).

Le film repose sur le thème un peu éculé du jeune artiste amené à côtoyer un monstre sacré. Anna Holtz, jeune compositrice sortie tout droit du conservatoire entre au service du maestro à la fin de sa vie pour recopier ses partitions ou transcrire la musique qu’il lui dicte. Elle est confrontée à un homme sourd, solitaire, colérique, odieux, intraitable, maladroit…. Elle finira bien sûr par l’apprivoiser et devenir sa complice.

Beethoven est décrit comme un artiste entier, se donnant totalement à son art, il faut le voir s’acharner sur son piano avec sa tôle semi cylindrique fixée sur ses épaules pour envelopper sa tête et concentrer les sons, ou encore diriger fougueusement l’orchestre avec son cornet acoustique brimbalant accroché à l’oreille.

On découvre un Beethoven très dévot. La musique est pour lui la voix et la voie de Dieu… On note quelques échanges intéressants sur le sens de l’art entre le maître et son élève. La musique doit venir des tripes ! l’entend-on dire dans un accès de colère et de fustiger tous les délicats trop cérébraux (notamment Rossini) et ce principe n’est pas seulement valable pour la musique puisqu’il détruit la maquette du pont que le fiancé de sa copiste, ingénieur de son état, avait conçu pour la ville de Vienne. Trop raisonné, trop froid, sans âme, assène-t-il.

Sa violence physique et verbale contraste tout de même un peu avec sa musique. Beethoven n’est pas Wagner.

Il conseille à sa compositrice de copiste de s’émanciper, de se détacher de lui, de chercher sa musique en elle-même… On ne pouvait évidemment pas attendre moins de sa part.

Quelques libertés un peu gênantes ont été prises avec l’exactitude des faits, puisqu’en fait de compositrice jeune, jolie et douée, Beethoven eut à faire en réalité à deux copistes de sexe masculin… ce qui jette un discrédit sur la vraisemblance de l’histoire et du personnage.

Un film qui reste tout de même une belle promotion pour la musique classique auxquelles de très larges plages sont dévolues.


15 août 2007

Désaffection des copains… hier soir aux fêtes traditionnelles du Quinze août en Outremeuse. Nos grandes tablées s’amenuisent au fil des années. Il faut croire que l’attrait de la fête et des retrouvailles n’est plus suffisant, qu’elles coûtent sans doute trop cher en migraines le lendemain…

Il y a toujours à cette occasion une surenchère dans l’exaltation commune difficilement maîtrisable devant laquelle on préfère abdiquer d’office (en n’y participant pas) plutôt que de chercher à se brider. Rien plutôt que de se modérer… l’amusement sous tutelle n’est plus de l’amusement il devient juste un plaisir léger… mais peut-être pas totalement négligeable.

Les survivants se sont donc amusés raisonnablement, sans doute du fait de leur petit nombre… L’occasion annuelle de tâter du folklore, de revisiter des endroits stratégiques, de retrouver l’ambiance des guinguettes, des concerts intimistes, des fanfares sillonnant les rues, de prendre des bains de foule…

Quelques étapes obligatoires : le café Randaxhe, le musée Tchantchès, la rue Roture, la place Delcourt, le café au Temple…


13 août 2007

Week-end complet en ripailles. Première invitation vendredi soir chez Yan et Carine à Villers-l’Evêque chez qui on est toujours reçu comme des princes. Un petit présent nous attend dès notre arrivée, nous voyons Yan venir vers notre voiture avec une caisse de prunes provenant d’un arbre de son jardin – Carine nous fournira ensuite une recette de confiture ad hoc… En contournant leur belle villa pour entrer par la porte de la terrasse directement dans le séjour, je remarque l’échelle déployée à sa longueur maximale dans un prunier de belle hauteur. Notre hôte a dû faire des acrobaties pour nous faire plaisir…

Nous retrouvons la maîtresse de maison et l’autre couple d’invités Yvan et Patricia ainsi que leurs enfants. Le motif de l’invitation du jour est le retour des vacances qu’ils ont passées ensemble en Dordogne à Sainte-Nathalène. Nous avons été associés à la soirée car nous avons fait étape sur leur lieu de vacances à la fin de notre périple estival habituel (qui nous a mené cette année jusqu’en Galice) ; derniers jours de vacances pour nous mais premiers pour eux... ils viennent à peine de rentrer et sont toujours imprégnés de l’atmosphère de leur villégiature... Nous prenons un pastis avec le petit plaisir adventice de le boire pour ma part devant un de mes rares tableaux peint sur commande (sur un thème demandé). Il occupe un pan de mur entier du salon.

La conversation s’accroche à la Dordogne, à son charme, à ses curiosités naturelles, culturelles et culinaires… Mais le plaisir de nos compères est aussi celui des rapports humains, de nouer des relations ce qui est un peu moins le nôtre, notre nomadisme s’y prêtant mal. Leurs nouvelles accointances furent à ce point plaisantes qu’elles les ont incités à réserver déjà leurs vacances pour l’année prochaine…

Le repas fin, copieux, agrémenté des vins de la région à l’honneur fut suivi de quelques séquences vidéos et d’une centaine de photos visionnées sur un écran d’ordinateur portable placé en bout de table. La discussion se poursuivra tard dans la nuit sur des sujets divers, le sport de haut niveau notamment car nos hôtes ont parmi leurs relations rapprochées François Gourmet (champion de Belgique du décathlon) et Yoris Grandjean (champion du monde junior de natation). On évoque bien sûr les dérives du sport professionnel gangrené par l’appât du gain… Mon on revient sur la philosophie du sport - que la plupart des professionnels méconnaissent, celle qui nous apprend à repousser nos limites de résistance et d’endurance pour le seul plaisir, celle qui en fait une activité bénéfique à la santé physique et psychique... Mais nous remarquons aussi que beaucoup de personnes s’en passent totalement et ne s’en portent pas plus mal…

Nous apprenons qu’Yvan comme un certain nombre de nos connaissances est un passionné de brocantes donc d’objets anciens ou désuets auxquels il s’attache à redonner de la valeur sur le site internet Ebay. Acheter et vendre, vendre et acheter… avec le meilleur bénéfice possible… Décidément la mondialisation est anthropophage puisqu’elle envahit jusqu’à notre temps libre.


Deuxième invitation le lendemain dès seize heures pour un méchoui prévu en plein air à l’occasion de l’anniversaire de mon ami Maurice. Le ciel est d’un bleu céruléen ce qui est inespéré puisqu’il a plu toute la semaine. Mais notre hôte fait partie de ces rares personnes qui ont ce supplément d’âme devant lequel les nuages s’inclinent puis se retirent...

Nous arrivons non sans détours et difficultés à son domicile et suivons une flèche qui nous envoie directement dans le jardin en passant sur le côté de la maison (un bon signe). Notre arrivée est une petite surprise puisque la fête a été organisée à la seule initiative de Michelle (l’épouse de Maurice) qui a caché à son époux que ses amis - dont certains qu’il n’a plus vu depuis très longtemps - seraient présents. Une longue table est dressée dans le jardin sous une tonnelle.

Près d’une trentaine de personnes sont déjà présentes, chacune porte un collier de fleurs et arbore son prénom collé sur son vêtement pour s'inscrire dans le thème de la fête: «l’île Maurice». Le petit bar de la plage est tenu par Laurent et Florian, les deux fils de la maison tandis que Maureen (la cadette) joue l’hôtesse d’accueil. L’effet d’exotisme est pleinement réussi d’autant que Maurice est un grand et beau métis et que ses enfants ne peuvent pas le renier.

Maureen révèle au cours de la soirée des talents d’artiste plasticienne car elle a confectionné un petit tableau sur lequel elle a collé et assemblé des objets symbolisants les activités principales de son papa. Des petits personnages représentants les membres de la famille, un casque et des lunettes pour son travail (dans la métallurgie), un râteau pour le jardinage, un ordinateur pour son goût pour l’informatique et un ballon de basket (son sport favori). Soit le condensé d’une vie sur 150 cm²...

Ces agapes seront bien sûr aussi l’occasion de nous rappeler certains grands moments de notre jeunesse échevelée, l’époque où Maurice et moi courions tous les bals de la région pour le plaisir (essentiel) de la danse ce qui nous différenciait assez des autres jeunes gens... Notre manière de danser inédite, mélange spontané de danse africaine, de disco, de hip-hop… mis en forme par une inspiration extrasensorielle et une connivence intuitive, élevait nos prestations au rang d’œuvres d’art… Nous avions certains soirs les honneurs d’un public improvisé que John Travolta dans Saturday night fever n’aurait pas déniés.


9 août 2007

J’entends à nouveau des commentaires sur la manière de donner cours de certains professeurs. Ceux-là et ils sont majoritaires (à l’université et dans les écoles de l’enseignement supérieur) ont oublié le sens du mot « enseigner » qui est : transmettre un savoir, faire acquérir la connaissance et la pratique de…

Pour accomplir cette mission d’enseignant, la moindre des choses est d’essayer de faire comprendre la matière ou la pratique que l’on veut transmettre et de - si possible - d’en donner le goût en faisant preuve d’un enthousiasme minimum. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on est loin du compte.

Ces professeurs débarquent en grands seigneurs - ce qu’ils sont puisqu’ils ont tous pouvoirs de réussite et d’échec sur leurs étudiants - dans leurs auditoires, débitent à la vitesse et sur le ton d’une bande enregistrée un charabia soporifique, supportent mal d’être interrompus, vexent et narguent ceux qui ont l’outrecuidance de montrer des signes de lassitude, dissimulent à peine leur réjouissance à voir venir la période des examens (surtout oraux), jouissent alors d’étaler leurs exigences qu’ils confondent avec ce qu’ils croient être leurs compétences…

Ces « professeurs » sont évidemment bien loin de considérer un seul instant que lorsqu’ils mettent un étudiant en échec, ils se mettent en échec eux-mêmes faute d’avoir réussi à séduire par leur enseignement…

Le plus beau métier du monde exige une qualité fondamentale très rare qui n’est malheureusement jamais évaluée avant l’attribution d’un poste d’enseignant : la vocation.


6 août 2007

Deux balades en pays plat en trois jours de temps… un pays qui est le même (même paysages, même architecture, même langue…) bien qu’il soit traversé par une frontière. Ce qui pourrait poser la question de l’artificialité des Etats et pourquoi pas d’une révision des frontières afin de les rendre plus naturelles, surtout par rapport à la langue et la culture puisque ce sont toujours elles qui posent problèmes (en Flandre, au Pays Basque, en Corse…)

s’-Hertogenbosche (Bois-le-Duc), la sonorité de ce nom me traînait en tête depuis des années, sa traduction significative en français m’interpellait. Sachant en outre que ce fut la ville où le peintre du sacrilège, précurseur du surréalisme bien avant l’heure, le surnommé Jérôme Bosch (Van Aken de son vrai nom) naquit et vécut (entre 1450 et 1516), c’était suffisant pour se décider enfin à s’y rendre bien que ce ne soit pas la porte à côté.

Nous découvrons une ville commerçante et animée mais où la priorité est donnée au piéton et au vélo ce qui lui confère douceur et sérénité auxquelles s’ajoute le charme de quelques canaux. La ville se distingue par sa profusion de tavernes et de restaurants aux terrasses chaleureuses. On remarque ici comme ailleurs en Hollande un goût prononcer pour le shopping et en particulier pour le magasin de vêtement.

La curiosité culturelle principale est la cathédrale Saint-Jean de style gothique brabançon (Bois-le-Duc est la capitale du Brabant septentrional), une des plus belles des Pays-Bas. Elle se distingue par ses proportions (5 nefs) et son ornementation très riche. Une exposition sur sa restauration toujours en cours se tient dans le déambulatoire, l’occasion d’y voir de près gargouilles, pinacles, fleurons, grotesques… d’habitude plus haut perchés.

Le petit regret tout de même est de ne pas trouver dans la ville la moindre référence à Jérôme Bosch si ce n’est sa statue en face de l’Hôtel de ville sur la Grand-Place. Un petit musée sur sa vie et son œuvre (même sans la possibilité de présenter des œuvres originales) serait le bien venu.

Le surlendemain nous sommes de l’autre côté de la frontière à une quinzaine de kilomètres d’Anvers : la ville de Lier dont je ne connaissais l’existence que par son club de football le SK Lierse.
Nous abordons la ville à vélo au départ du canal Albert en longeant la Petite Nèthe qui serpente à travers une campagne verdoyante. La rivière est agrémentée sur des kilomètres d’étonnants rubans continus de fleurs (impatientes balsamine géantes) butinées par abeilles et bourdons. Des pistes cyclables tracées de part et d’autre sur des digues artificielles nous mènent jusqu’aux faubourgs de la ville après avoir traversé quelques canaux. On passe à proximité du stade qui domine de la hauteur de ses tribunes tous les toits de la petite ville.

Nous empruntons la promenade des remparts (à peine visibles) qui fait le tour de la ville sur 5 kilomètres environ pour retrouver la Petite Nèthe canalisée cette fois et qui traverse la cité. Au centre nous découvrons le charme fleuri des ponts, des façades à pignons réfléchies par la surface de l’eau… qui rappelle celui de Bruges toutes proportions gardées.

L’église Saint-Gommaire du même style que la cathédrale de Bois-le-Duc (gothique brabançon), réserve la surprise d’un très beau jubé de style flamboyant en pierre blanche mais c’est surtout la lumière « divine » qui tombe de ses vitraux dans le bas-côté nord qui pénètre le plus (suivant le moment de la journée).

Nous nous arrêtons quelques minutes au pied de la tour Zimmer qui arbore une horloge astronomique qui présente autour d’une horloge classique dix cadrans, plus la terre et la lune (en trois dimensions). Elle serait pourvue du mécanisme horloger le plus lent du monde : une révolution pour 25.800 ans (précession des équinoxes – changement de direction de l’axe de rotation de la terre qui finit par former un cône).
Au pied de la tour, le système solaire est représenté dans un cercle d’un diamètre d’une douzaine de mètres.

Nous rentrons avec le sentiment d’avoir fait une escapade de plus en pays voisin, difficile d’imager que le plat pays est vraiment le nôtre…


30 juillet 2007

C’est l’histoire de Mélanie dont on ne parlera pas dans les journaux et qui pourtant a tout aussi d’importance que le compte rendu des incompétences d’un homme politique méprisant ou les résultats d’un tour cycliste de dopés assoiffés d’argent et de gloire… (lever les bras au ciel sur une ligne d’arrivée devient une injure).

C’est l’histoire d’un rêve assassiné. Depuis l’âge de cinq ans, cette jeune fille rêvait de devenir astrophysicienne. Toute sa scolarité fut émaillée de résultats exceptionnels frôlant les maximums dans presque toutes les branches, obtenant notamment le prix de physique de son école à la fin de ses humanités.

Inscrite en première année à l’université en physique, elle fut parmi les cinq étudiants sur soixante à réussir en première session (parmi lesquels trois doublants et un autre petit génie). Lorsqu’un assistant de ses professeurs lui téléphona pour lui demander d’accompagner et de renseigner les nouveaux arrivants pour l’année scolaire à venir, elle lui répondit simplement qu’elle abandonnait la physique, qu’elle ne voulait plus entendre parler de la faculté des sciences, que l’année scolaire qu’elle venait de passer était la plus horrible de sa vie, que les professeurs considéraient les étudiants comme des numéros, qu’ils n’avaient aucun soucis d’enseigner mais se contentaient de sélectionner…

Une belle victoire pour notre enseignement scientifique (!) qui au moment charnière (la première année universitaire) où il devrait séduire et « capter » définitivement les étudiants, parvient à dégoûter et à chasser même ceux qui réussissent.

On s’étonnera ensuite du peu d’entrain que montrent les jeunes à s’engager dans des filières scientifiques, de la faible renommée de nos universités à l’échelon international, du retard permanent de notre recherche par rapport à celle des pays anglo-saxons…

N’importe quelle personne dotée d’un minimum de bon sens constatera au vu des résultats – 3,33 pourcents de réussite si on ne compte pas les doublants ! – que le problème se situe du côté des enseignants - qui de toute évidence ne font pas correctement leur travail. N’importe quelle personne dotée de bon sens… excepté les inspecteurs et autres responsables de la qualité de l’enseignement dans notre pays…

On se consolera en se disant que ce que l’on a perdu au plan scientifique on le gagnera peut-être au plan artistique puisque Mélanie s’est inscrite en Histoire de l’art.


25 juillet 2007

En cette période de vacances une apologie du camping et de la supérette (supermarket, supermercado, etc.) s’impose de plus en plus, car l’un et l’autre permettent encore à de petits et moyens salaires de voyager sans se ruiner, de partir à la découverte de régions, d’avoir accès à la beauté des paysages, des villes, des œuvres des Hommes… dans un rayon de deux mille à deux mille cinq cents kilomètres autour de chez soi (ce qui n’est déjà pas si mal).

Le principe est de s’y tenir fermement et d’éviter tout le secteur HORECA (Hôtel/Restaurant/Café) malgré les tentations des terrasses ensoleillées, des hôtels et chambres d’hôtes face à la mer ou dans un cadre romantique... Une tente sous la pluie a un charme naturel incomparable, une canette fraîche et un sandwich sur un banc ou un muret bien choisi ont tout autant de saveur que ceux (coûtant cinq fois plus cher) proposés à une terrasse voisine.

Il y a du plaisir à faire ses courses en vacances. C’est à vrai dire le seul moyen de découvrir vraiment les produits régionaux, ceux qui sont consommés habituellement par les habitants. Il suffit d’avoir emporté avec soi un camping gaz et toutes les portes de la gastronomie régionale s’ouvrent à vous, même si elle doit être dégustée sur une chaise pliante et à une table miniature, question d’habitude…

Il faut un peu préparer son voyage à la faveur des guides (Vert Michelin et Routard), repérer sur les cartes les petits triangles signalant l’existence de campings à côté des noms des villes et villages (choisir sur place le plus agréable), ne pas se faire de soucis pour les supérettes puisqu’il y en a partout, avoir un véhicule en bon état et aimer la route… Et toutes les beautés du monde s’offrent à vous, moyennant parfois quelques prix d’entrée inévitables (à prévoir au budget avec celui de l’essence et des autoroutes).

Voici, pour exemple, les périples accomplis ces trois derniers étés pour un budget dépassant à peine les mille cinq cents euros pour deux personnes tout compris et pour environ une vingtaine de jours de vacances. Toutes les villes, sites et curiosités cités ont fait l’objet d’une visite circonstanciée.

5 au 22 juillet 2007 : Poitiers (vieille ville, Notre Dame la Grande, futuroscope), Angoulême (cathédrale, remparts, halles), Jarnac (Musée F. Mitterand, maison natale, cimetière), Saint-Jean-de-Luz (Eglise Saint Jean-Baptiste), Biarritz (le rocher de la Vierge, le casino), Bayonne (cathédrale), San Sébastian (Basilique Sainte-Marie), Hendaye (Château observatoire d’Antoine Abadie), Bilbao (Musée Guggenheim – Anselme Kiefer, Richard Serra, Albrecht Dürer + la vieille ville), Suances en Cantabrie (Santillana del Mare, collégiale Santa Juliana), Colunga dans les Asturies (Sanctuaire de Covadonga, grotte, basilique, les pics d’Europe – lac Enol et Ercine), Rianxo en Galice, Saint-Jacques-de-Compostelle (cathédrale, centre d'art contemporain, bibliothèque), Ria Arousa (Carril, Cambados, Grove/Toxa, Cambarro), Burgos (cathédrale), Sainte-Nathalène, Gourdon, Rocamadour (Chapelle Notre Dame), Carlux (Les jardins de Cadiot).

10 au 31 juillet 2006 : Lac Majeur (Lido Monvalle), Lac de Bolsena (Agrituristico), Bolsena (San Cristina), Orvieto (Duomo – fresques de Signorelli dans la Chapelle de la Madonne St-Brice), Villa Lante, Paestum (temples de Cérès, Neptune, Basilique dédiée à Héra, musée archéologique National), Messine, Milazzo (Sanctuaire Saint-Antoine de Padoue, îles éoliennes – les volcans : Vulcano - montée au cratère, Lipari, Stromboli), Cefalu, Monreale (Duomo et cloître), Palerme (San Giovanni degli Eremiti, cattedrale, palazzo Pretorio, Mercato di Ballaro, Mercato Vucciria, San Domenico), Sferracavallo, Segesta, Golfe de Bonagia, Erice, Isole Egadi (Favignana en vélo), Agrigente (vallée des temples : temple de Héra, de la Concorde, d’Hercule, des Dioscures), Siculiana Marina, Villa Imperiale del Casale, Syracuse (Duomo, théâtre grec, Latomie du Paradis, amphithéâtre), Giardini-Naxos, Taormina, Milo, Piano Provenzana (Etna nord, minibus tout-terrain), Etna sud, Zafferana, Messine, Monte Cassino, Angera (Lac Majeur).

7 juillet au 28 juillet 2005 : Fribourg-en-Brisgau (cathédrale et tour de ville), Ravenne (Marina di Ravenna, Saint Apollinaire-le-Neuf, Baptistère Néonien, Musée Archiepiscopale, Saint Vital, Mausolée Galla Placidia, Tombeau de Dante, Eglise Saint François, Duomo, Saint Apollinaire in Classe), Lac Trasimène, Passignano, Assise (Basilique sup. et inf. - fresques de Giotto, Cimabue, Martini, Lorenzotti – Couvent di San Damiano), Pérouge (Collegio del Cambio), Cortone, Montepulciano, Citta della Pieve, Tarquinia (Nécropole étrusque et musée national), Civitavecchia, Golfo Aranci, Palau (Archipel de la Maddalena, île de Caprera – maison de Garibaldi, Arzachena – Tomba di Giganti Coddu Vecchiu, Porto Cervo, Capo d’Orso), Santissima Trinita di Saccargia, Alghero (Eglise Saint François), Grotte de Neptune, Santa Giusta près d’Orista, Sant’Antioco, Bari Sardo (Torre di Bari, Lac Alto di Flumendosa, Punta Perda Liana), Cala Gonone (Sorgente su Gologone), Orgosolo, Mont Ortobene, Florence (Musée des Offices), San Gimignano (San Agostino), Bologne (Musée Morandi), Colmar (Collégiale Saint Martin).



24 juillet 2007

J’ai découvert aujourd’hui le manga grâce à mon collègue Henri Dalem qui est un passionné de bandes dessinées. Le manga est une BD japonaise au format de poche dont le dessin est le plus souvent en noir et blanc. Il se lit de droite à gauche (sens de lecture japonais) ce qui, au début, est un peu troublant puisque la lecture des mots est contraire au sens de lecture des cases. Mais ce mouvement contradictoire de l’œil entre le texte et les images à suivre introduit presque une dimension artistique supplémentaire pour ceux qui lisent habituellement de gauche à droite.

La mise en page est audacieuse, libérée, entraînante. Si le nombre de pages dessinées est plus grand que dans la BD traditionnelle occidentale, le texte est souvent plus succinct voire absent sur plusieurs pages ce qui tend à accélérer la lecture et donne la sensation flottante de visionner une vidéo.

Le manga que j’ai eu l’occasion de lire est de Tetsuya Tsutsui et s’intitule Duds Hunt. Il est paru aux éditions Ki-oon, la traduction et l’adaptation (du dessin) sont de Ahmed Agne et Cécile Pournin. Le scénario est bien construit et assez subtil. Il est structuré autour d’un jeu expérimental faisant appel aux techniques actuelles de l’informatique, du GSM, du GPS et du PDA et dont le but inavoué est de faire s’entretuer des repris de justice et autres récidivistes (Duds signifie bons à rien, ratés…). Chaque joueur doit s’approprier le pointeur (le téléphone portable) des joueurs ennemis par n’importe quel moyen et se trouve gratifié d’une récompense de 100.000 yens par appareil. Tous les travers de nos sociétés actuelles s’y rencontrent : soif de rentabilité, de performance, de domination, de violence… à outrance.

On estime qu’un manga par semaine est lu par 50% de la population japonaise au moins, un succès phénoménal qui n'assure certes pas une culture fouillée et complète mais qui peut solliciter le goût de l’art chez les jeunes.


Les bourdes à répétition du futur premier ministre, les déclarations incendiaires, les indélicatesses volontaires ou non à l’égard d’une communauté entière, le manque d’à-propos, de vivacité d’esprit, de culture historique et de culture tout court, de mémoire… ne signent-ils pas une incompétence (pour ne pas dire une incapacité intellectuelle dixit…) à gouverner au plus haut niveau et donc à devoir négocier des questions délicates…

On imagine bien la frustration d’une communauté minoritaire de se voir ainsi représentée, elle ne peut se consoler qu’en se persuadant qu’une telle personnalité ne peut qu’accélérer un processus qui fera son épanouissement malgré elle.


25 juin 2007

J’aime la Techno mais pas quand elle m’est imposée de onze heures du matin à minuit…
Dès lors une lettre à l’autorité suprême de la ville s’imposait.

Monsieur le bourgmestre,

Je me permets de vous écrire pour vous faire part de la scandaleuse pollution sonore dont nous avons été victimes ce dimanche 24 juin à l’occasion d’un festival de musique électronique organisé en plein air par la radio Warm.FM au n°187 de la rue de l’Espérance, sur le parking de la salle pour banquet Opera (située en face de chez nous).

En effet, à onze heures du matin, un « séisme » sonore et le mot n’est pas trop fort puisque nos vitres en tremblaient, nous a fait sursauté et nous annonçait le début d’une journée infernale. Après un quart d’heure d’essais « sono » insupportables, je suis allé trouver l’organisateur de la manifestation pour me plaindre légitimement de cette agression matinale. Celui-ci m’a remballé et nargué en me disant texto : « Mais monsieur ce ne sont que des essais… il y aura de toute façon de la musique de midi à minuit aujourd’hui… J’ai toutes les autorisations et vous pouvez appeler qui vous voulez : la police, les pompiers… au revoir et bonne journée ! ».

Après un appel à la police il s’est confirmé que les autorisations avaient bien été accordées et qu’il nous restait dès lors à supporter plus de douze heures (!) de musique saccadée d’un niveau sonore inadmissible. Des amplis de deux mètres de haut étaient situés à moins de cinquante mètres de notre habitation et de celles de plusieurs voisins.

Nous nous sommes donc trouvés obligés de quitter la maison puisque tout repos et toutes activités étaient devenus impossibles - même écouter la télévision ( !) alors que nous avons des doubles vitrages ! Ma fille, qui est à l’université, avait un dernier examen à préparer et a dû chercher refuge chez un parent ayant une pièce de travail disponible (à Huy) tandis que mon épouse et moi avons dû improviser une longue promenade pour éviter de sombrer dans la névrose.

Vous comprendrez, monsieur le Bourgmestre, que nous vous demandons de ne plus accorder d’autorisation pour ce genre de manifestation dans notre rue.

Ma grande expérience de riverain victime de nuisances sonores me permet de vous suggérer quelques critères à imposer et à faire respecter (dans l’intérêt de tous les habitants de votre ville) avant et après avoir accordé votre autorisation pour de tels événements :

- Vérifier avec soin l’endroit où ils ont lieu. Il faut à mon sens un rayon minimum de cinq cent mètres sans habitation autour de la sono (il en existe sur le territoire de la ville : zones d’activités industrielles, de PME ou de commerces, désertes les W-E, terrains en friche…) ou alors des lieux entourés d’écrans sonores naturels ou artificiels (dénivelés, etc.)

- Exiger de l’organisateur ou du propriétaire du lieu d’avertir les riverains dans un rayon déterminé par un touteboîte sous peine d’annulation de l’événement par vos services de police.

- Imposer un niveau de décibels à ne pas dépasser pour ces manifestations en plein air avec contrôle systématique par sonomètre et menace d’interruption de l’événement en cas de non-respect. (Pour exemple, ne pas pouvoir même entendre son téléviseur dans une maison située à cinquante mètres toutes fenêtres fermées est inacceptable).

- Limiter la manifestation en durée (inutilement longue, il n’y avait pas plus de trente personnes à 15 heures, quatre heures après le début du tapage !)

- Veiller à la correction et à la compétence des organisateurs en enregistrant le nombre de plaintes qu’ils ont suscitées lors d’événements précédents de manière à leur attribuer une cote et refuser les irrespectueux systématiquement (souvent le projet de manifestation présenté à vos services est enjolivé et ne correspond pas à la réalité).

- Faire signer aux organisateurs une chartre du respect de l’habitant de manière à ce qu’ils comprennent qu’ils sont seulement tolérés, que l’autorisation qu’ils ont obtenue ne leur donne pas tous les droits et le sentiment qu’ils sont « en pays conquis » (comme ceux à qui j’ai eu à faire).


En espérant que ma demande et mes suggestions seront prises en compte dans l’intérêt de tous les habitants, je vous prie d’agréer, Monsieur le Bourgmestre, l’assurance de ma considération distinguée.



11 juin 2007

Je tombe par hasard (je laisse souvent faire le hasard en matière télévisuelle mais sans lui donner beaucoup d’occasions) sur Jean-Marie-Gustave Le Clézio dans l’émission de Franz-Olivier Giesbert Chez FOG sur F5 au moment où il dit : « J’ai une vie tout à fait insignifiante… ». L’homme qui a reçu le titre de plus grand écrivain français vivant, qui connaît un succès (mérité) depuis près de quarante cinq ans (il a reçu le prix Renaudot en 1963 pour son premier roman, Le Procès-verbal), qui a les faveurs des médias, qui a les honneurs des universités (il enseigne aux Etats-Unis), qui est sollicité de toutes parts, qui a parcouru la planète en tous sens (il est réputé pour son nomadisme), qui vit actuellement une grande partie de l’année dans le désert du Nouveau-Mexique… a une vie tout à fait insignifiante !

Même si le contexte de cette petite phrase était celui de sa vie d’écriture au quotidien, on peut la trouver inconvenante… Que doivent en penser les personnes qui consacrent huit heures par jour à un travail sans intérêt pour pouvoir subsister correctement dont certains artistes contraints d’attendre la fin de la journée et la nuit pour se consacrer à leur art ? Eux doivent sans doute trouver leur vie bien remplie et palpitante…

On pressent un remède simple pour guérir J.M.G. de sa vie insignifiante : prendre à 67 ans une retraite littéraire bien méritée (près d’une trentaine de livres) et commencer à travailler…


8 juin 2007

Au gré de mes balades sur le web je relève l’extrait d’un entretien avec l’écrivain malien Ousmane Diarra (qui vient de publier son premier roman, Vieux lézard) sur la valeur du « livre ». On lui pose la question de savoir si le livre n’est pas dérisoire dans un pays où les besoins sont énormes. Il répond qu’il est dérisoire si on considère les humains comme des bêtes qu’il suffit de gaver ! Le livre est aussi vital que la nourriture car il fait de nous des femmes et des hommes à part entière, nous invite à participer à l’humanité et à son progrès. Il est ouverture sur les autres, sur le monde, un appel à l’humanité… Il ajoute que la pire violence est l’ignorance et l’enfermement sur soi.

Un jugement de valeur dont on ne peut douter de la pertinence puisqu’il provient d’un pays où la simple subsistance est précaire. Une valeur du livre qui tend à être relativisée sinon étouffée dans nos contrées par l’audiovisuel qui fait des cultures et des connaissances personnelles volatiles, vagues et confuses…


Petite interrogation sur l’image… importante pour qui se partage entre peinture et écriture… Il ne fait aucun doute que l’impact d’une image est plus significatif que celui des textes, elle livre son expression de manière percutante avant même que le processus de la réflexion et de l’analyse s’engage. Elle frappe l’imagination sans coup férir, touche à l’estoc notre sensibilité… Mais l’image le fait à sa manière propre, sans le contrôle de son auteur (l’artiste). Il ne peut savoir qui et de quelle manière elle affectera…

Si elle franchit plus facilement la barrière des langues elle n’est pas un langage universel car sa portée dépend de l’endroit, du contexte, de la culture, de la sensibilité, de l’expérience… de celui qui la reçoit. Elle montre sans rien dire et peut donc être interprétée de multiples façons. Elle n’est en aucune façon objective.

Le texte d’un abord plus laborieux peut en revanche aller précisément où l’auteur décide de conduire son lecteur sous réserve de justesse sémantique et de vocabulaire. Ce qui n’enlève rien à la richesse de l’expression de l’image…

Précision et justesse des mots dont je profite pour souhaiter un bon anniversaire à Nadine ma plus fidèle lectrice (déclarée).


3 juin 2007

Nous sommes allés voir hier soir Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel (un peintre new-yorkais reconnu qui s’est lancé dans la réalisation - Basquiat, etc.) au cinéma Le Parc qui est toujours très agréable le week-end car on y échappe à la foule qui se concentre sur la « multinationale » du cinéma de la région, aux mangeurs de pop-corn et surtout à la séance de conditionnement publicitaires pour malentendants…

Le film raconte l’histoire vraie du rédacteur en chef du magazine Elle, Jean-Dominique Bauby, qui suite à un accident cérébrovasculaire est atteint d’un locked-in syndrome (syndrome d’enfermé à l’intérieur). Il se trouve entièrement paralysé à l’exception de sa paupière gauche ce qui lui permet juste de communiquer avec ses interlocuteurs en battant de cette paupière au moment voulu à l’énoncé d’un alphabet dont les lettres sont classées par ordre de fréquence : ESARINTU…

J.-D. Bauby ira jusqu’à écrire un livre de cette manière - dont le film est tiré! Il lui aurait fallu 200.000 battements de paupières adressés à son orthophoniste (obligée de répéter 200.000 fois l’alphabet) pour en venir à bout ! Un moyen de communication fastidieux autour duquel tout le film est construit et qui est déjà anachronique puisqu’en une dizaine d'années (il a été atteint de ce syndrome en 1995) les progrès techniques ont permis d’améliorer nettement le procédé.

Ces malades bénéficient désormais, tel l’astrophysicien Stephen Hawking, d’un synthétiseur vocal. Le mouvement des yeux commande l'ordinateur. Un faisceau infrarouge accentue le contraste entre la cornée, l’iris et la pupille afin qu’un logiciel puisse détecter la position de cette dernière pour savoir sur quelle lettre de l’alphabet l’opérateur fixe son regard. Des interfaces adaptées au contrôle oculaire, permettent de transformer la fixation des lettres en voix de synthèse ou d'écrire jusqu'à 25 mots par minute, soit un peu moins que le score moyen réalisé au moyen d’un clavier...

Toute la structure du livre et son marketing étant fondé sur ce moyen de communication rudimentaire, on imagine bien qu’il n’aurait pas rencontré le même succès (370.000 exemplaires vendus et traduit dans 30 pays !) avec cet appareillage sophistiqué…

Le film n’apporte pas beaucoup de surprise, ni dans l’histoire, ni dans la manière de tourner. Schnabel a placé la caméra la plupart du temps à la place de l’œil gauche de la victime pour n’en sortir qu’à deux ou trois reprises (et pour l’un ou l’autre flash-back). Le point de vue psychologique et philosophique est pauvre.

Ce film ne pouvait manquer de me faire penser au livre de Georges Simenon (que j’ai adapté au théâtre – voir rubrique Ecrits : Théâtre) Les anneaux de Bicêtre qui raconte une expérience comparable avec la richesse psychologique des personnages qu’on lui connaît et une philosophie qu’on lui connaît moins… et qu’on ne trouve pas dans ce film.

Je sors de la salle avec l’impression de plus en plus ténue que les peintres et les écrivains (Eric-Emmanuel Schmitt avec Odette Toulemonde, par exemple) se fourvoient dans le cinéma. Ils y sacrifient leur originalité au lucratif.


J’entends par hasard en matinée la logorrhée du philosophe (et ex-ministre de l’éducation nationale) Luc Ferry autour de la sortie de son nouveau livre dans le magazine littéraire de France 5 : Le bateau livre. En proposant de remettre la famille en valeur, il en vient à parler de mai 68 qui en poussant l’esprit bohème à l’extrême a eu des avantages et des inconvénients. Les avantages : la libération des mœurs sexuelles ; les inconvénients : la dévaluation du travail.

Cette crise essentiellement estudiantine de quelques jours aurait donc dévalué la valeur « travail » pour plusieurs décennies. Le grand philosophe ne semble pas pouvoir imaginer que la lucidité des personnes par rapport au travail ait pu évoluer, que le niveau général de l’éducation, de la culture, de la spécialisation croît sans cesse alors que l’intérêt des tâches proposées stagne ou régresse.

Un philosophe à succès issu de la haute bourgeoisie peut-il vraiment prendre la mesure de la pénibilité du travail, de ses facultés d’abrutissement (dans bien des cas) alors que pour lui le « travail » représente quelques heures d’écriture (agréables) par jour et des interventions ponctuelles dans les médias, avec quel profit…


2 juin 2007

En soirée, je passe devant le téléviseur au moment où Michel Drucker sur Antenne 2 en direct de la salle des étoiles à Monaco se répand en salamalecs devant le prince Albert II, donnant à tout va de « l’altesse », du « sérénissime », du « monseigneur »… On a beau chercher les qualités particulières qui lui valent tant de révérences, tant d’honneur… difficile d’en trouver d’autres que celle de son « droit du sang ».

Je vois même plutôt du déshonneur à être le représentant d’un état où une fortune personnelle minimale de dix millions d’euros est nécessaire pour s’installer et y vivre, d’un état fondé sur l’évitement du fisc qui par là même personnifie l’injustice, d’un état qui signifie clairement au simple passant (ou touriste) qu’il est indésirable en l’empêchant de stationner (j’ai pu le constater par moi-même).

Même si on peut comprendre que le but de l’émission est d’offrir du rêve, ce rêve-là au contraire de l’argent qui y dort est mal placé.


1er juin 2007

Christiane me cueille à la sortie du bureau pour une petite course au centre ville. Nous nous faufilons dans un trafic dense pour cause de manifestations diverses (La ferme en ville, une braderie, les Epicuriales…). Nous nous approchons - lentement - de la « tour administrative » (réunissant la plupart des services de la ville) qui garde sur son hautain pignon la trace d’une œuvre de la (première) triennale d’art contemporain : une tache noire informe présentée d’abord par l’artiste comme la figuration d’un utérus puis requalifiée par l’organisateur comme celle (moins bassement physiologique) de la grotte de la nativité sous prétexte qu’on enregistre les naissances dans cette tour…

Nous trouvons miraculeusement une place à proximité à quelques minutes à pied des deux grandes surfaces en matériel multimédia où nous voulons nous rendre. Après une visite rapide nous revenons bredouilles et insatisfaits du choix des articles proposés et de leurs prix trop élevés - jusqu’à vingt-cinq pourcents plus cher que sur l’internet frais de port compris pour le même article ! Ce qui ne peut qu’annoncer le déclin du commerce traditionnel (dans ce secteur).

Cette course infructueuse nous donne l’occasion de traverser un quartier au cœur de la ville jadis florissant et qui se trouve en pleine désolation. L’artère principale est percluse d’immeubles abandonnés, commerces aux volets clos, vitrines brisées ou occultées de papiers journaux, façades lépreuses… Les quelques commerces qui subsistent sont de type Discount et la population qui prend possession des lieux (malgré elle) est exotique et émaillée de mendiants, SDF titubants…

Nous reprenons notre véhicule pour nous retrouver dans un gros embouteillage dû aux diverses manifestations organisées en même temps au centre ville (avec de multiples rues barrées).

Un conducteur d’une fourgonnette perd patience, franchit une ligne blanche, remonte la file de voiture puis veut couper le véhicule qui se trouve devant nous pour tourner à droite, celui-ci veut l’en empêcher… La portière côté convoyeur de la fourgonnette s’ouvre violemment et vient cogner la portière du véhicule qui refuse de la laisser passer. S’ensuit une altercation…

Vingt minutes plus tard nous avons avancé de cent mètres environ, nous sommes dans une rue parallèle à l’artère principale où nous avons tout le temps de constater la même désolation, la même désertion, la même nécrose de l’habitat…
Trente minutes plus tard nous sommes trois cents mètres plus loin… et nous approchons d’un chantier gargantuesque pour le compte du ministère de la justice. Décadence et tentatives de grandeur…

Un petit « détour » qui en dit long sur la qualité de la gestion de la circulation et de l’habitat qui font l’image d’une ville et son aptitude à l’accueil.


30 mai 2007

Je ne sais pourquoi me revient depuis quelques semaines l’image récurrente d’un ballon un peu dégonflé sur lequel s’acharnent pour le déformer quelques gamins et gamines. L’un ou l’autre se distingue par leur pugnacité et leur habileté sans vouloir admettre que sa manière de rouler ne dépend pas d’eux puisqu’il reprend sa forme sphérique inexorablement…


29 mars 2007

Le livre catalogue des films de la médiathèque de la Communauté Française de Belgique édité en décembre 2006 a pour titre Sciences et Technologies - De l’art de redonner goût aux sciences… surtout aux étudiants qui évitent de plus en plus les filières scientifiques comme le constate le préfacier qui avance comme seules explications la rigueur qu’elles exigent et le statut déprécié du chercheur (sous-entendu mal payé).

Bref, la faute aux jeunes qui deviennent de plus en plus feignants et exigeants du point de vue de la paie... Pas un soupçon de remise en cause de la qualité de l’enseignement qui est la principale attribution de la Communauté Française justement. Ce titre de catalogue résonne pourtant comme un aveu de sa faillite.

Difficile évidemment d’avouer que les sciences sont enseignées dans le secondaire de manière lamentable. A croire que les enseignants ont pour mot d’ordre d’éviter de dévoiler la « Beauté » des sciences pour s’échiner à les rendre rébarbatives, confuses, incompréhensibles (il faut voir certaines notes de cours et entendre certaines performances orales !) et pratiques à piéger et à sélectionner...

L’«utilisation » qui est faite des matières scientifiques dans l’enseignement général déshonore la Science car il est à la source d’un énorme gâchis individuel et collectif.


27 mars 2007

Grande interview hautement révélatrice d’Albert Frère dans le journal La Meuse… Le baron de la finance belge (on lui prête une fortune de 3,1 milliards de dollars) y affirme qu’un Wallon peut encore connaître une réussite telle que la sienne et il donne l’exemple d’un étudiant en ingénierie aérospatiale (qu’il a parrainé) qui a peaufiné ses études au collège des Ingénieurs de Paris et qui occupe aujourd’hui des fonctions au sein d’AGF… ! Ce qui laisse clairement entendre que pour lui les Wallons ont un cerveau moins apte puisque faire des études au Collège des Ingénieurs de Paris et travailler chez AGF lui apparaissent comme des performances…

Il insiste ensuite sur son attachement au pays et affirme que l’idée de quitter la région pour être moins taxé ne lui a jamais effleuré l’esprit… Il faut croire que si cette idée n’a jamais effleuré l’esprit d’un homme d’affaires de son acabit c’est qu’elle n’était pas à haute valeur ajoutée…

Pour renouer avec la prospérité de la région du temps de sa jeunesse il loue « le plan Marshall » qui allège principalement la fiscalité des entreprises, mais avance surtout qu’il faut modifier profondément la culture des nouvelles générations par un affermissement de l’enseignement à tous les niveaux… Un remède d’une grande portée auquel personne n’avait jamais pensé... Un «affermissement » ? Un terme qui invite, semble-t-il, l’enseignement à devenir encore plus contraignant, plus difficile (il y a plus de 60% d’échec en première année universitaire !)… qui va dans le sens opposé de l’ouverture d’esprit dont il a dû pourtant faire preuve en affaires. Un terme qui est évidemment repris en première page d’un journal dont on connaît le goût pour la fermeté...

Deux questions plus loin Albert Frère livre la recette la plus plausible de sa réussite (que le journal s’est évidemment gardé de mettre en exergue en première page) en avouant qu’il a travaillé toute sa vie en s’amusant et qu’il s’est amusé en travaillant…


20 mars 2007

Ce que l’on entend par la «réussite» individuelle ne mène-t-il pas à terme à l’échec collectif ?


9 mars 2007

Le degré d’émotion réelle ressentie devant les aléas de la vie des autres ne fixe-t-il pas précisément celui de notre humanité sans qu’on puisse feindre de l’ignorer ?


6 mars 2007

D’après l’enquête d’un assureur des plus réputés sur la place publique, les trois quarts des Belges souhaitent quitter le monde du travail à soixante ans pour consacrer davantage de temps à leur famille, à leurs amis et à leurs loisirs. Et cela même si le montant des pensions légales venait à être réduit.

Ce souhait est significatif de la contre-nature du «travail», de son inadéquation avec les aspirations humaines. Le mot «travail» porte d’ailleurs dans le sens commun la charge d’une peine physique et morale contenue… une charge qui dit tout.

L’être humain est-il raisonnablement fait pour s’occuper à des tâches qui l’indiffèrent ou ne l’intéressent que modérément ? Non, apparemment pour les trois quarts.

Et pourtant on semble bien peu remettre en cause ce principe du travail laborieux (physiquement et psychiquement) sans doute parce qu’il paraît fatal et indéracinable. On ne voit aucun décideur ni éminent penseur tenter même un soupçon de remise en cause de la manière d’envisager cette valeur et chercher à mieux adapter les activités aux personnes et réciproquement.

Cette enquête démontre donc que la société telle qu’elle est organisée (dans son système économique et social) ne peut offrir qu’un quart de fonctions qui épanouissent vraiment ses membres ! Ceux qui les occupent ont eu la chance ou l’intelligence de trouver leur place, de planter leur pioche au bon endroit… On y verra souvent les artistes (peintres, musiciens, comédiens, écrivains…), les chercheurs, les artisans, et tous les passionnés de leur activité (peu ou prou lucrative, leur motivation n’étant pas là) pour qui le mot retraite n’a pas de sens.

Autour d’eux survivent la majorité des trois quarts, ces héros du «travail», ces exécutants contraints, manipulés et dirigés (souvent par plus asservis que soi) et qui ne peuvent qu’attendre avec impatience l’âge de la retraite.

On sait pourtant la variété de la nature humaine qui en toute logique devrait pouvoir s’adapter à la variété de fonctions nécessaires dans une société harmonieuse d’autant qu’elle est aujourd’hui en mesure par les techniques de faire disparaître ou d’adoucir les tâches ingrates.

On peut donc conclure à une faillite de l’éducation qui devrait d’abord mener chacun à une bonne connaissance de soi (pour être en mesure de choisir au mieux sa profession), à la sous-estimation des services d’orientation professionnelle qui sont loin d’avoir le rôle primordial qu’ils méritent, au manque de flexibilité et de possibilités de se former dans n’importe quel domaine tout au long de la vie (les aspirations d’un être humain n’étant pas immuables).


2 mars 2007

La théorie du Big Bang qui explique la création de l’univers a bonne presse et est bien connue du grand public. Elle se trouve de plus en plus accréditée par les analyses et observations - qui remontent jusqu’à sa prime enfance (13,5 milliards d’années) sans toutefois pouvoir approcher les tous premiers instants (le Big Bang ne peut être décrit par les équations qu’à partir de 10-6 s°).

Cette explosion inimaginable résultant d’une concentration d’énergie qui l’est tout autant reste cependant inexplicable (les explications commencent après). Avant elle, l’univers se serait trouvé dans un temps et un espace aux dimensions inférieures à celles de l’échelle de Planck c’est-à-dire 10-33 cm pour la longueur et 10-43 s pour le temps ! Après elle, il se serait dilaté et continuerait toujours son expansion qui procéderait de son «souffle ».

Cette interprétation donne à l'univers un sens concret, presque une finitude, en tout cas une limite conceptuelle et imagée rassurante. Or le mystère du vide et de l’espace dans lequel nous divaguons (malgré l’apparence d’une harmonie céleste, les vitesses de déplacement et les directions que prennent les galaxies sont variées - certaines s’éloignent d’autres se rapprochent) devrait continuer à nous tarauder. Car si l’espace de l’univers grandit encore dans la foulée de son dégagement d’énergie initial, on est en droit d’imaginer «un front de progression» au-delà duquel on ne peut plus jurer du bien fondé de cette théorie.

Il suffit de supposer un vaisseau capable de dépasser la vitesse de l’expansion de l’univers et de franchir sa limite de propagation pour percevoir les failles du principe.

Sans faire de conjectures et en se tenant dans les limites du visible, on ne peut toujours pas dire si l’univers est fini ou infini. On peut juste estimer qu’il contient au moins 100 milliards de galaxies contenant elles-mêmes chacune 100 milliards d’étoiles…


15 février 2007

L’Unicef publie aujourd’hui une étude sur le bien-être des enfants et ados dans 21 pays riches. Les petits Belges se classent 16ème sur 21 (les petits Français ne font pas mieux).

17% seulement déclarent bien aimer l’école alors que 40% des Autrichiens et de Norvégiens déclarent l’adorer.

Mais il y a plus grave 15% (un enfant sur sept soit trois à quatre enfants dans une classe) déclarent se sentirent mal à l’aise et pas à leur place à l’école.

De quoi remettre en question d’urgence le système scolaire, travailler à rendre l’école plus attrayante moins coercitive, évaluatrice, classificatrice et culpabilisante... pour redonner à tous le goût d’apprendre et faire moins d’enfances malheureuses…

La pédagogie active ne serait-elle pas une voie à mieux exploiter ?


13 février 2006

Pour un peu on scandait Hu-bert ! Hu-bert ! Hu-bert !... hier soir à la conférence du Palais des Congrès mais l’enthousiasme du public fut malheureusement cadenassé (au début comme à la fin) par des politiciens de service venus remettre une xième couche de présentations et de louanges superflues. Il est vrai que la présence de quinze cents personnes (trois mille en deux jours) avait évidemment de quoi aiguiser les appétits des chasseurs de voix. Chasseurs dont il fut question indirectement dans la dernière intervention (qui sur ce seul point ne fut pas intempestive) puisque Hubert s’est vu remettre le chèque de ses émoluments libellé comme il l’avait souhaité au nom de la ligue ROC pour la préservation de LA FAUNE SAUVAGE et la défense des NON-CHASSEURS. Et des chasseurs (d’animaux) il y en avait aussi dans la salle, reste à voir s’ils avaient payé leurs places (pour que le pied de nez soit parfait).

«L’avenir de la vie sur la Terre» était le sujet de la conférence de ce soir. Hubert a mis en rapport d’entrée l’astronomie et l’écologie afin que nous distinguions bien d’où nous venons (avec l’astronomie) et où nous allons (avec l’écologie). Il nous fait sentir l’extraordinaire évolution de la matière qui a mené jusqu’à l’intelligence et a rappelé que depuis Eratosthène (3ème siècle avant J-C) qui a mesuré le rayon de la terre, nous savons que nous vivons dans un monde fini, que nous sommes donc limités dans l’exploitation de ses ressources et dans l’accumulation des déchets (en étayant son discours de nombreux exemples en images et en graphiques).

Nous allons donc bientôt savoir si l’intelligence est un cadeau empoisonné ou non car nous vivons depuis les années 1950 la 6ème extinction des espèces sur la planète puisque 50 % d’entre-elles auront disparu d’ici la fin du siècle. Notre conférencier souligne que cette extinction s’arrêtera d’office si l’humanité disparaît…

Mais il nous fait placidement remarquer que ce serait dommage car l’homme n’a pas fait que des bêtises et de classer en première place : l’art et la culture (en insistant sur la peinture et la musique) ; en deuxième : la science ; et en troisième : la compassion (notre capacité à aider nos congénères malades ou en difficulté).

Il termine par une phrase de Jean Monnet (instigateur de la résistance) qui a déclaré par rapport à l’issue de la dernière guerre n’être ni pessimiste, ni optimiste mais déterminé !

Le grand succès d’Hubert Reeves s’explique certainement par son érudition scientifique (il continue encore ses recherches à près de 75 ans), sa curiosité et son émerveillement devant la nature et la vie (qui se perçoit dans son attitude, son discours et jusque dans son physique), sa capacité a les communiquer naturellement, son humanité, sa ténacité à montrer et démontrer simplement – sans surenchère – les dangers vers lesquels nous courons.

Ce fut un plaisir - non dissimulé - pour le nombreux public présent dont une bonne part lit ses livres depuis plus de 25 ans – Patience dans l’azur, celui qui l’a fait connaître est paru en 1981 - de le voir (en chair et en os) aussi fringant.

Les applaudissements dépassèrent à l’évidence la manifestation d’un compliment pour une conférence mais rendaient hommage au chercheur, au poète, au conteur et à l’homme…


8 février 2007

«Le wallon est absent de son lieu de travail un jour sur quatre» titre aujourd’hui en première page le journal La Meuse (groupe Sud-Presse), constatation en dessous de laquelle il précise qu’il n’est pas tenu compte seulement dans ce calcul des congés de maladie, mais aussi des jours de congé légaux, des jours fériés, des pauses carrières…

La phrase en exergue – par ailleurs très maladroite puisqu’elle signifierait littéralement que les wallons ont de loin le régime de travail (légal) le plus intensif au monde - est l’exemple même d’une traduction orientée des chiffres pour culpabiliser la population de ne pas travailler assez. Les pages deux et trois consacrées entièrement au sujet sont significatives puisqu’elles traitent surtout de l’absentéisme pour cause de maladie et des moyens de régler le problème (contrôles médicaux, récompense pour présence assidue, etc.)

Le pourcentage de présence est classé par ordre croissant par secteur avec naturellement en bas les métiers de la construction et les ouvriers en général suivis des employés, du transport, de l’Horeca, etc. et d’en venir à la conclusion lumineuse que plus le salarié est formé moins il est sujet à l’absence ! Personne n’aurait sans doute deviné sans cette étude « mathématiques » que plus le salarié est formé plus il a des chances d’avoir une fonction confortable physiquement et attrayante mentalement, assortie de mises en valeur diverses, du plaisir de diriger… qui est évidemment moins propice à l’absence (d’autant plus chez les cadres).

L’absentéisme serait devenu l’enjeu crucial pour la SNCB, Belgacom, ING, La Poste et l’Etat (dans lequel on englobe sans doute les pompiers dont le métier n’est pas reconnu à risques et qui sont pour la plupart bénévoles !). Chaque société y allant de ses mesures spécifiques…

L’ensemble de l’enquête donne le sentiment d’une population wallonne feignasse… ce qui à n’en pas douter (à sa lecture) va lui donner un puissant regain de motivation…

Ce type d’articles positionne le journal La Meuse qui se veut populaire comme une publication ancrée à droite à la solde des patrons et des actionnaires (en absence dorée permanente). Il se trouve en effet nettement moins prolixe pour dénoncer les rémunérations exorbitantes et éhontées des directeurs des sociétés précitées (dont la part de salaire injustifiée couvrirait aisément les absences pour maladie incriminées).

Il révèle l’esprit étroit de sa rédaction, trop superficielle sans doute pour proposer plutôt une évaluation de la « qualité » du travail proposé par l’économie de marché, sa production effrénée et sa rentabilité forcenée s’accordant bien mal avec l’amour du travail (bien fait).

Les véritables causes de l’absentéisme ne se trouvent évidemment pas dans une tare régionale mais dans la mise sous pression des salariés et/ou le manque d’intérêt des tâches à accomplir provoquant le cortège significatif actuel des maladies psychosomatiques.


31 janvier 2007

Si des êtres venus d’une autre planète voulaient aborder l’humanité avec des intentions fraternelles et que par mégarde ou infortune ils débarquaient au Proche-Orient, ils retourneraient certainement d’où ils viennent aussi vite fait...

Ils ne manqueraient pas d’estimer l’espèce humaine à un stade primaire de son évolution morale et comportementale. Jaugeant rapidement la région où ils auraient échoué grâce à leurs capacités d’examen extralucides, ils verraient des peuples aux intérêts différents – appropriation de territoires, de pouvoirs, de richesses naturelles (le pétrole), d’influences confessionnelles – et à l’armement disproportionné (donc sans aucune règles morales) s’affronter sans vergogne, les uns bombardant habitats et infrastructures tuant au passage des civils à la pelle(teuse), les autres ripostant en envoyant leurs janissaires sacrifiés s’exploser dans des foules innocentes, d’autres un peu plus loin tentant d’imposer militairement - après avoir tout détruit - une paix tout à leur profit et exacerbant par là des rivalités interculturelles provoquant attentats à la chaîne et désolation…

Ces extraterrestres nous laisseraient encore mûrir quelques millénaires avant de tenter une nouvelle approche d’autant qu’avant de partir ils auraient lu avec stupéfaction dans différents cerveaux humains les fondements de ces dissensions criminelles : des fables ! des histoires incroyables à dormir debout rapportées dans des textes dits sacrés - Torah, Bible, Coran - véritables incitations à la violence et au meurtre (à la lecture complète et attentive) dont aucune peuplade n’a encore songé à limiter la portée même parmi les plus raisonnées. Celles-ci se laissant bernées à la nécessité de laisser la liberté de croire en des inepties et justifiant sans doute cette latitude par la prétendue vocation commune de ces trois religions mortifères : aimer son prochain !


15 janvier 2007

La magnanimité du citoyen lambda est sans limites… Lui qui se trouve sommé d’être de plus en plus productif et rentable, contraint de se serrer la ceinture même quand il travaille dur et se trouve en conséquence peu enclin à multiplier sa progéniture (le taux de fécondité en Belgique est de 1,62 enfant par femme), il consent – par l’intermédiaire de ses délégués au pouvoir – à entretenir grassement une famille royale nombreuse (dont le taux de fécondité est de 3,66 enfants par princesse !), chaque membre bénéficiant de la jouissance de propriétés luxueuses, d’une dotation disproportionnée par rapport au salaire moyen, de rémunérations exorbitantes pour des fonctions creuses, certains n’éprouvant aucun scrupules à afficher leur grand train de vie (collections de motos, de voitures, de bijoux, voyages et réceptions fastueux, etc.) gracieusement offert par la collectivité et dont la seule contrepartie souhaitée est un rôle de représentation (très limité pour certains) loin d’être à plaindre puisque toujours proposé dans un degré de confort et de raffinement optimal.

Il faut sans doute trouver l’origine de cette bonté citoyenne dans le rêve que la magnificence de la couronne dispense mais cet éblouissement de l’opulence ne devrait pourtant pas atteindre les mandataires sensés être lucides et réalistes…
Il paraît donc évident que ce sont des raisons d’Etat qui autorisent ces largesses, raisons qui couvrent peut-être aussi l’entretien d’un secteur de l’économie...

Dès lors un sujet de thèse pourrait se poser : En quoi le droit du sang – injustifiable en démocratie - sert-il l’économie de marché ?


14 janvier 2007

Contrairement à ce qu’il est permis d’entendre habituellement George Bush serait d’après Tony Blair l’un des hommes les plus intelligents qu’il ait jamais rencontrés…

On imagine bien que le Premier Ministre britannique force un peu son évaluation pour contrecarrer de manière saillante l’image de cow-boy bourru que donne le président des Etats-Unis, révélatrice pour beaucoup de son degré de QI.

Le succès de George Bush auprès de ses concitoyens qui l’ont reconduit à une large majorité dans ses fonctions ne s’explique certainement pas par son degré d’intelligence que l’on peut supposer normal (Qu’est-ce que d’ailleurs l’intelligence ? N’est-elle pas confondue chez ses détracteurs avec son degré de sagesse ?) ; mais justement par son naturel simple, la défense de valeurs (la piété, la patrie, la domestication de la nature et les armes à feu) chères à l’Amérique profonde, son aisance avec les gens, sa capacité à faire passer un message, et surtout par des circonstances qui lui donnent l’occasion d’exalter les principes de l’épopée du Far West (la lutte des bons contre les méchants, la victoire du progrès sur les ténèbres, de la civilisation sur la sauvagerie, etc.)


12 janvier 2007

S’imaginer un instant SDF et chercher à voir ce qu’on ferait soi-même pour essayer de sortir de cette situation :

- Se défaire de toute forme d’assuétude (alcool, drogue, médicament) et chercher à retrouver au plus vite la meilleure santé physique et psychologique possible.

- S’adresser à MSF (Médecins Sans Frontières, 4 permanences par semaine à Bruxelles et à Anvers) ou à Caritas pour recevoir des soins gratuits ou à n’importe quel médecin la plupart acceptant dans ces circonstances de soigner gratuitement.

- S’adresser à la Croix-Rouge pour bénéficier de différents services gratuits ou presque (possibilité de recevoir des vêtements, d’avoir accès à la buanderie, au resto, au coiffeur, au transport social… à très bas prix).

- S’adresser à un organisme d’aide sociale (CPAS) pour bénéficier du minimum vital (on peut y avoir une adresse temporaire).

- Trouver un logement au prix minimum (même collectif) et sortir de la ville s’il le faut.

- Quel que soit l’âge suivre des formations gratuites (même élémentaires si nécessaires au début : langue maternelle et arithmétique par exemple) les poursuivre et les varier pendant des années s’il le faut jusqu’à l’obtention d’un emploi.

- Après l’obtention d’un emploi, trouver un logement individuel à sa mesure.

- Faire face aux huissiers éventuels de sa vie passée (ils doivent laisser de quoi vivre décemment).

- Poursuivre des formations si on n’est pas satisfait de son emploi.

- Continuer à s’instruire, à se cultiver pour s’ouvrir aux multiples richesses de la vie et du monde et pouvoir en jouir...

En quelques étapes… la seule voie possible pour sortir d’une vie dans la rue sans but, sans intérêt et sans dignité qui soumet l’organisme à des souffrances physiques et morales inacceptables et qui de surcroît importune habitants et passants...


8 janvier 2007

« L’humanité » ou sentiment d’humanité semble souvent confondu avec une bienveillance ou une bonté de principe pour ses semblables alors qu’il relève plutôt d’une compréhension fondée sur une connaissance de l’autre qui nécessite attention, observation, dialogue, questionnement, analyse, patience… permettant de juger et d’agir au meilleur profit de tous (et non d’un seul ou d’une catégorie).

Être « humain » ne signifie donc pas sacrifier à une aumône perpétuelle mais trouver les moyens d’aider à vivre de manière autonome, donner l’hospitalité à tous les démunis du monde mais faire en sorte qu’ils ne le soient plus là d’où ils viennent, tolérer tous les impératifs des croyances mais leur imposer des limites (souvent sévères), etc.

Or entendu de cette manière ou de l’autre le sentiment d’humanité est contradictoire avec l’économie de marché et sa course à la rentabilité (son principe moteur) puisqu’elle incite au mieux à passer superficiellement sur les humains que nous rencontrons pour aller au plus vite à ce qui permet d’augmenter notre confort matériel ou au pire à les exploiter...