"Il faut que la peinture serve à autre chose qu'à la peinture", Henri Matisse.
Alain Zenthner
?Les Anneaux de Bicêtre, adaptation du roman de Georges Simenon, 5F/3H (ou 3F/5H), durée 1 heure 20 minutes.Commentaires personnels sur Les anneaux de Bicêtre : 2003 est l’année du centenaire de la naissance de Georges Simenon, à cette occasion la ville de Liège (sa ville natale) multiplie les manifestations et les initiatives autour de l’écrivain : expositions, spectacles, itinéraire dans la ville… et notamment un concours littéraire qui consiste à adapter un roman de Simenon au théâtre. L’expérience d’une adaptation me tente et je décide de m’inscrire bien que je ne sois pas du tout un amateur de concours. Je me fixe sur un roman immédiatement : Les anneaux de Bicêtre. Je le choisis parce qu’il s’agit sans doute du roman le plus « philosophique » de Simenon. Loin des enquêtes de Maigret, ce livre raconte l’épreuve d’un directeur de journal foudroyé par une hémiplégie. Paralysé et privé de la parole, il fait un bilan personnel en même temps qu’une analyse du monde dans lequel il a vécu. Confronté au handicap, il mesure le prix de l’existence et la futilité du personnage qu’il a voulu être. Je me suis aperçu de suite qu’il allait être très difficile de faire une pièce de théâtre d’un tel sujet d’autant que le protagoniste était cloué au lit et ne pouvait parler… qu’à lui-même. Mais le livre me tenait à cœur et je n’ai pas voulu renoncer. Je n’ai pas eu à le regretter car les difficultés à résoudre ont finalement mené à des solutions inédites de mises en scène et à une optimisation du jeu des comédiens.Extrait des Anneaux de Bicêtre adapté du roman de G. Simenon :MAUGRAS. Si on m’avait dit, il y a quelques jours, que je cesserai subitement d’être un homme normal. Que je ne marcherai plus, que je ne parlerai plus, que je serai incapable de communiquer avec les gens autour de moi… Comment ai-je pu mener cette existence futile, y avoir attaché de l’importance, avoir joué un jeu si puéril ? (Lina entre et attend au chevet du malade.) Et Lina, c’est de ma faute si elle est devenue dépressive et alcoolique, j’ai toujours voulu lui imposer mon mode de vie. Je me suis cru important, très important et ça devait se voir dans mes gestes, dans ma voix, dans ma manière de parler et de regarder mes interlocuteurs. On m’y aidait d’ailleurs, dès mon arrivée au journal on me servait des «Bonjour, monsieur le Directeur…» compassés du portier jusqu’à la rédaction…